Le Pakistan est le seul pays où les manifestations ont dégénéré. Bilan : 14 personnes y ont été tuées. Les autorités pakistanaises avaient pourtant appelé au calme pour cette journée fériée baptisée «Jour de l'amour du Prophète», dont le but était de permettre à la population de manifester pacifiquement pour la défense de l'islam et de Mohammed tournés en ridicule dans le film américain à petit budget diffusé sur internet. Les forces de sécurité étaient particulièrement en alerte dans la capitale Islamabad où des barrages avaient été disposés pour éviter tout assaut contre l'enclave diplomatique où sont notamment installées les ambassades des Etats-Unis et de France. Au Bangladesh, environ 10 000 personnes ont manifesté sans heurt contre le film islamophobe et les caricatures du Prophète de l'islam dans l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, brûlant une effigie du président Obama et un drapeau français à Dacca. «Obama, tu es un tricheur», «Monde musulman ! Dénonce le déshonneur à l'égard du prophète Mohammed !», pouvait-on lire sur des banderoles. En Indonésie, quelques dizaines de membres du parti islamiste Islamic Defenders Front (FPI) ont brûlé le drapeau américain devant le consulat des Etats-Unis à Medan (Sumatra) en brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : «Insulter le prophète Mohammed mérite la mort» et «Israël et l'Amérique sont des nations terroristes». Environ 200 personnes ont également manifesté devant le consulat de France à Surabaya (est de Java) aux cris de «Mort à l'Amérique, mort à la France». Les marches interdites à Paris Des milliers de personnes ont aussi manifesté au Liban en incendiant un drapeau américain, alors qu'un imam prônait le meurtre des acteurs du film. Ailleurs, en dehors du Yémen où des centaines de personnes ont manifesté au cri de «Mort à l'Amérique, mort à Israël» à Sanaa, aucun mouvement violent n'avait été recensé, alors que la grande prière avait pris fin dans la quasi-totalité des pays musulmans. Même à Kaboul, seules quelques petites manifestations antiaméricaines et antifrançaises pacifiques ont été recensées. Les Occidentaux, Paris en tête, craignent que la publication des caricatures très crues en France n'attise les tensions nées de la diffusion il y a dix jours sur internet du film amateur L'innocence des musulmans produit aux Etats-Unis. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait invité les ressortissants français dans les pays musulmans à la prudence, leur conseillant «de préférence» de rester chez eux vendredi. Il s'est aussi dit «soucieux» pour les soldats français en Afghanistan et au Liban. Les Etats-Unis avaient annoncé mardi «des mesures fortes» pour protéger ambassades et consulats, conseillant jeudi à leurs ressortissants de repousser tout voyage «non essentiel» au Pakistan. Paris avait aussi ordonné la fermeture vendredi des ambassades, consulats et écoles françaises dans une vingtaine de pays musulmans. A Paris, la sécurité a été renforcée autour de l'immeuble abritant la rédaction de Charlie Hebdo, et toute manifestation de protestation contre le film ou les caricatures a été interdite par le gouvernement français. La France compte la communauté musulmane la plus nombreuse d'Europe, soit entre 4 et 6 millions de personnes, originaires pour la plupart d'Afrique et du Maghreb. La justice américaine avait rejeté jeudi la demande d'une actrice ayant participé au film qui réclamait son retrait du site internet de vidéos YouTube aux Etats-Unis, selon la Cour supérieure de Los Angeles. YouTube, détenu par Google, a restreint de son côté l'accès au film dans plusieurs pays, à commencer par l'Egypte et la Libye, où ont démarré les violences. D'autres pays, comme le Pakistan et le Soudan, ont bloqué eux-mêmes l'accès à la vidéo, qui dénigre la figure du prophète Mahomet. L'Organisation de la coopération islamique (OCI) a réclamé une action mondiale contre l'incitation à la haine.