De nouvelles protestations contre le film blasphémant l'islam ont eu lieu vendredi, jour de prière dans les pays musulmans. Depuis dix jours, plus de trente personnes sont mortes dans des manifestations en réaction contre le film «L'innocence des musulmans», produit aux Etats-Unis et dont un extrait circule sur internet. Au moins treize personnes ont été tuées et près de 200 autres ont été blessées lors d'échauffourées violentes contre le film dans de grandes villes du Pakistan. D'autres petits rassemblements ont également eu lieu jeudi à Kaboul et Téhéran. Quelques centaines d'Afghans se sont ainsi rassemblés pour protester à la fois contre le film et contre la publication par le journal français Charlie Hebdo de caricatures dans une opération de provocation qui fait grand débat en France. À Téhéran, une centaine de manifestants se sont rassemblés devant l'ambassade de France. Après la publication des caricatures en France l'appréhension a décuplé. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a ainsi invité les ressortissants français dans les pays musulmans à «rester chez eux vendredi». Paris a ordonné la fermeture des ambassades, consulats et écoles françaises dans une vingtaine de pays musulmans. Dans une volonté d'apaisement les Etats-Unis ont annoncé avoir acheté des espaces publicitaires sur des chaînes de télévision pakistanaises pour diffuser des spots destinés à calmer la colère des manifestants. Les Etats-Unis avaient également annoncé mardi «des mesures fortes» pour protéger ambassades et consulats, conseillant à leurs ressortissants de repousser tout voyage «non essentiel» au Pakistan. Le site YouTube, détenu par Google, a restreint de son côté l'accès au film dans plusieurs pays, à l'image de l'Egypte et de la Libye. D'autres pays, comme le Pakistan et le Soudan, ont bloqué eux-mêmes l'accès à la fameuse vidéo. Dans ce contexte de tension le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a réaffirmé que le film était «scandaleux» et «honteux». «La liberté d'expression, qui est un droit fondamental et un privilège, ne doit pas être utilisée abusivement, par un acte aussi scandaleux et honteux» a-t-il déclaré. L'Organisation de la coopération islamique (OCI) a réclamé une action mondiale contre l'incitation à la haine. «Il est temps pour la communauté internationale de prendre au sérieux les implications dangereuses du discours de haine (...) et de barrer la route à ceux qui se cachent derrière la liberté d'expression», a déclaré son secrétaire général Ekmeleddin Ihsanoglu. En France la publication de Charlie Hebdo, une caricature représentant le prophète embarrasse le gouvernement socialiste. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a jugé que ces caricatures jetaient de «l'huile sur le feu». À Paris, la sécurité a été renforcée autour du journal, et interdit toute manifestation de protestation contre le film ou les caricatures. En France se trouve la communauté musulmane la plus nombreuse d'Europe, soit entre 4 et 6 millions de personnes. M. B. /Agences