Encore un faux bond ou faux-fuyant du mouvement Hamas aiguillonné, selon certaines sources, par Damas et Doha. Après avoir promis d'envoyer une délégation en Egypte, hier, pour donner une réponse définitive concernant le document égyptien portant sur la réconciliation inter-palestinienne, il a décidé d'attendre encore. Ses dirigeants et les porte-parole du mouvement ont, chacun de son côté, donné une version particulière des conditions qui ont mené au report du voyage en Egypte. « Omar Souleimane est en voyage à l'étranger, et nous attendons qu'il rentre en Egypte », a argué Ayman Taha, un des porte-parole du mouvement Hamas à Ghaza. Oussama Hamdane, représentant du Hamas au Liban, quant à lui, pense que le document contient des points sur lesquels « il n'y a pas d'accord et qu'une révision de ces points est impérative avant toute signature ». Moussa Abou Marzouk, membre du bureau politique du Hamas, la plus haute instance dirigeante du mouvement, avait affirmé auparavant que le Hamas avait des réserves sur le document égyptien, alors que pour d'autres, l'atmosphère interne n'est pas propice pour aller à la réconciliation. Et pourtant, tous ses dirigeants et responsables ne ratent pas l'occasion d'affirmer leur attachement à la réconciliation nationale et à la réunification des rangs palestiniens. L'Egypte qui parraine le dialogue inter-palestinien avait élaboré un document qui tient lieu d'accord de réconciliation nationale. Il devait être signé le 25 de ce mois au Caire, mais la tempête soulevée, essentiellement, par le mouvement Hamas, à l'occasion du report de la discussion du rapport du juge Richard Goldstone a eu raison de la signature de cet accord. Le mouvement Hamas a accusé le président Mahmoud Abbas de « haute trahison » et l'a présenté comme celui qui tente de masquer les crimes israéliens commis dans la bande de Ghaza lors de l'agression israélienne. Il n'en fallait pas plus pour rameuter les autres factions palestiniennes. L'adoption du rapport Goldstone, vendredi dernier, par le CDH, et les efforts fournis par l'Autorité palestinienne auprès des Etats membres ne semblent pas avoir suffi au Hamas pour reprendre le processus de réconciliation. Pour dépasser les difficultés, l'Egypte avait demandé que chaque faction signe séparément le document compromis sur lequel tout le monde s'était accordé avant le 15 octobre et de célébrer cet accord après la fête de l'Aïd El Adha, espérant que d'ici là les esprits se soient calmés. Le président Mahmoud Abbas, dont le parti le Fatah a signé et remis l'accord, a menacé samedi lors d'une réunion du Conseil révolutionnaire de son mouvement à Ramallah d'aller aux élections comme prévu par les délais constitutionnels, c'est-à-dire le 25 janvier 2010 dans le cas où le Hamas continue de refuser la réconciliation. La main de Damas et Doha ? Il faut préciser que dans le document égyptien, sur demande du Hamas, les élections législatives et présidentielle seront organisées le 28 juin 2010. Par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hossam Zaki, les autorités égyptiennes ont exprimé leur refus de toute négociation du document présenté aux factions palestiniennes, estimant que tous les points qu'il contient ont été discutés et approuvés par tous. M. Zaki a demandé au Hamas précisément d'indiquer clairement sa position. « L'Egypte est allée loin dans la prise en compte des remarques du Hamas présentées sur la table et maintenant nous espérons qu'il parvienne à une décision finale quant à la signature. » Des sources palestiniennes qui n'ont pas été nommées ont affirmé que Damas et le Qatar sont derrière la volte-face du mouvement Hamas. Le président syrien, Bachar El Assad, n'aurait pas apprécié le refus du président égyptien Hosni Moubarak de se joindre au roi Abdallah d'Arabie Saoudite lors de sa récente visite en Syrie. Tous les ingrédients nécessaires à la détérioration des relations du Hamas avec l'Egypte, le seul poumon disponible pour la bande de Ghaza et le mouvement islamiste ainsi qu'à la poursuite de la division géographique et politique des palestiniens sont disponibles actuellement. Le Caire agacé L'Egypte en a assez des « tergiversations » du Hamas face à la signature d'un accord de réconciliation interpalestinien négocié avec le Caire, a rapporté hier le journal gouvernemental Al Ahram en citant une source au sein du pouvoir. « L'Egypte a été surprise par les tergiversations du gouvernement du Hamas qui a affirmé qu'il ne pouvait pas venir au Caire à la date prévue », a déclaré au journal cette source officielle sous couvert de l'anonymat. « Le report de la réconciliation et le fait que le Hamas ait attisé une atmosphère d'extrême tension dans les territoires palestiniens démontre que le Hamas manque de bonne volonté, et à son propre agenda », estime encore l'officiel cité par al-Ahram.