Si nous évoquons à chaque fois les étapes difficiles qu'a connues notre pays, notamment la dernière décennie, c'est pour que nul n'oublie. Nous sommes capables de tourner la page dans l'intérêt de l'Algérie. Mais nous ne pouvons pas déchirer une page importante de notre histoire marquée par 100 000 victimes du terrorisme et 20 milliards de dollars de pertes. » Ce sont les propos tenus par Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), lors du meeting animé hier à la salle Ibn Khaldoun, à l'occasion de la célébration du 8e anniversaire de la création de cette formation. Des propos qui confirment l'intention d'Ahmed Ouyahia de rien concéder à ses adversaires politiques. A ceux qui ont qualifié le RND de « bébé avec des moustaches » (une image pour dire que le rassemblement est un pur produit du système), l'orateur répondra que son parti a été mis en place en trois mois par des hommes qui ont un long parcours de combattants. « Notre parti n'est pas né pour concurrencer ou combattre les autres formations. Il n'a également pas été créé pour embellir la scène politique. Nous avons constitué un parti pour défendre nos positions et nos convictions et pour contribuer à la concrétisation du message de Novembre », a-t-il indiqué. Ouyahia ajoutera qu'ils (ces hommes, ndlr) sont des « novembristes » avant de préciser que son parti ne détient pas le monopole de l'« esprit novembriste » qui implique un combat continu pour la libération du pays. Dans la foulée, le conférencier a saisi l'opportunité pour rendre hommage aux familles victimes du terrorisme, aux patriotes et aux femmes. Il a remercié également les gens présents lors de la rencontre. Parmi eux, le patron de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd et les représentants des deux clubs algérois de football, MM. Allik et Ighil. Dans son discours, Ahmed Ouyahia n'est pas revenu sur la question de l'amnistie générale. A aucun moment il ne prononcera d'ailleurs l'expression « amnistie générale ». Le secrétaire général du RND s'est surtout étalé sur le bien-fondé de la réconciliation nationale et la concorde civile. « Vous conviendrez avec moi que la paix et la stabilité sont revenues dans notre pays. Certes, il reste quelques groupes qui activent, mais ce volet est pris en charge », dira l'orateur sans donner de plus amples détails. A ce propos, on ne sait pas si M. Ouyahia parlait de la lutte antiterroriste ou si, au contraire, il a fait allusion à des contacts avec les groupes armés. M. Ouyahia n'a, par ailleurs, pas hésité à « tomber » sur les partis qui critiquent les projets de réformes du gouvernement, « alors qu'ils se sont tus pendant les années noires qu'a connues le pays ». « Où étiez-vous lorsque d'innocents enfants, des vieux, des femmes se faisaient égorger, lorsque des entreprises entières ont été incendiées ? Nous avons soutenu la concorde civile dans l'unique but de voir notre pays vivre dans la paix », a souligné l'orateur. A propos des réformes engagées, le patron du RND dira : « Toutes les réformes qui serviront les futures générations sont les bienvenues et elles se concrétiseront sur le terrain. Les Algériens peuvent se rassurer pour les cinq prochaines années. » Et de poursuivre : « Nous ne voulons plus d'un octobre 1988 ni d'un retour aux années 1990. Notre pays a besoin de tous ses enfants. » Abordant la question de l'Alliance, Ouyahia dira que celle-ci dérange ceux qui n'ont jamais pu réaliser une telle démarche. « Actuellement, l'Alliance ne doit pas être uniquement au sein du Pouvoir. Elle doit s'installer sur le terrain. C'est ce que nous essayons de faire. Le RND n'est pas né pour faire la guerre au FLN. Les deux partis sont aujourd'hui ensemble avec le MSP », a-t-il mentionné.