Lundi soir, au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi à Alger, Hamdi Benani, vêtu d'un costume blanc, tout en sourire entre en salle, sous les applaudissements, accompagné de Khalida Toumi, ministre de la Culture. Le chanteur de malouf reçoit le «Trophée-hommage 2012» pour l'ensemble de sa carrière. L'Office national des droits d'auteur et des droits voisins (Onda) est, selon Khoukha Khelkhoul, chargée d'organiser les hommages aux artistes algériens «en reconnaissance à leur apport à la culture et au patrimoine musical algérien». «Hamdi Benani est un grand maître du malouf. Par cette soirée, nous voulons dire notre reconnaissance infinie pour tout ce qu'il a donné au pays et à sa culture, pour tout ce qu'il a donné à l'humanité. Le malouf et l'art algérien en général sont universels. On veut dire à travers le maître Hamdi Benani notre reconnaissance à tous les artistes. On veut dire à nos jeunes que nous avons nos repères et qu'il est formidable de s'ouvrir aux autres. Mais, on ne peut s'ouvrir à l'autre que si nous existons. Pour exister, il faut connaître ses repères. Hamdi Benani en est un», a déclaré Khalida Toumi. Un extrait d'un documentaire de l'ENTV, produit en 1993, consacré à «L'Ange blanc» du malouf, a été projeté en début de soirée. On y voit sa mère parler de ses débuts et de son acharnement à vouloir apprendre le violon. Des images de ses concerts à l'étranger, notamment en Corée du Nord et en France, ont été montrées. Hamdi Banani a animé des concerts au Sénégal, au Canada, en Egypte et partout ailleurs. Sur une barque, au large de Annaba, Hamdi Benani chantait en français C'est la même chose avec les femmes, une chanson de ses débuts… «Hamdi Benani est né le 1er janvier 1943 à Annaba. Adolescent, il s'est mis à apprendre la musique. Son oncle, lui-même musicien dans la troupe de Mohamed El Kourd, perçut très vite chez son neveu le don d'interprétation et l'amour qu'il porte à la musique. Il l'encouragea dans cette voie. Le résultat ne tarda pas à se manifester, puisque il remporta le Premier prix de la chanson à l'âge de 16 ans», précise-t-on dans une biographie préparée à l'occasion de la soirée. En 1963, Hassan Derdour, alors directeur du Théâtre de Annaba, a demandé à Hamdi Benani d'assurer un spectacle entre deux actes d'une pièce théâtrale. «Je suis monté sur scène et j'ai chanté Ya bahi el Djamel, une chanson que j'adore», a expliqué Hamdi Benani. Nacereddine Baghdadi, spécialiste de musique andalouse, lors d'une intervention, a appelé l'interprète à enregistrer toutes les noubate du malouf qu'il avait interprétées depuis le début de sa carrière. Carrière lancée réellement lors de sa prestation au Festival international de la musique d'Alger, en 1966. «La voix de Hamdi Benani est unique. Cet artiste n'a jamais imité les autres. Il a une parfaite maîtrise de jeu du violon. Il est déjà une école dans ce domaine», a estimé Nacereddine Baghdadi. Pour sa part, Ali Benani, frère du chanteur, a révélé que l'artiste a reçu son premier violon de la famille Bencheikh de Annaba, en 1957. Mohamed Kamel Benani a été le premier à monter sur scène pour animer la soirée-hommage à son père. Accompagné par un orchestre pas forcément de composante malouf (curieuse présence de la batterie !), il a interprété Farakouni, puis Ayoun lahbara. Il a été suivi par la jeune Amel Zen, qui a chanté Haramtou bik nouassi, avant d'enchaîner Ya nass jaret li gharaïb. Abdelkader Chaou n'a pas raté la soirée-hommage en animant un petit concert chaâbi et hawzi avec notamment Mata nastarihou et Chems dhaa el batoul. Hamdi Benani a eu l'honneur de clôturer la soirée. Il a choisi de chanter Ya bahi el djamal, Ya nass jaret li gharaïb…