Le cinéaste a choisi de suivre le quotidien d'une mère, Bahia, et de deux enfants qui vivent dans une chambre sans porte, livrées aux vents d'hiver. Bahia vend toute sorte d'objet y compris des drapeaux égyptiens. La révolution ? Elle n'en sait rien. Le plus important, pour elle, est de vendre le maximum de drapeaux de « Oum dounia » pour collecter l'argent et acheter une porte aux fins de protéger ses enfants des griffes du froid. En douze minutes, le cinéaste a tenté d'exprimer tout ce qu'il pense de cet événement historique dans tomber dans le discours vaporeux ou la prise de position affichée comme dans certains documentaires consacrée à la révolte du 25 janvier 2011. Tout est dit à travers les mots simples utilisés par les enfants qui ne cessent de harceler leur mère sur ce qui se passe autour d'eux.
Ce film, qui a été primé aux Festivals de Busan en Corée du Sud, à Naples en Italie et à Nouakchott en Mauritanie, s'attarde donc sur la périphérie pour suggérer que tout n'est pas encore fini. Et qu'après tout, le changement est encore loin puisque les enfants vivent toujours dans la rue dans un pays présenté comme « puissance régionale » et dont l'argent a profité surtout à Moubarak et la maffia qui l'entourait. Des enfants qui peuvent mourir de froid dans l'indifférence générale. Le jordanien Said Najmi a, lui, décidé de suivre le quotidien de bédouins dans le désert d'El Batraa (Pétra) en Jordanie dans « Woujouh » (« Visages »), un documentaire de 16 minutes.
Une vie simple, belle et naturelle. La mère prépare le pain, les enfants jouent autour d'elle, le père cherche de l'eau avant de s'occuper de son petit bétail. Autour du thé, on discute et on parle de cheptel. Du visage des enfant se détache un certain bonheur. Un bonheur réel, sans maquillage, spontané. La joie de vivre n'est-elle pas dans la modestie ? « La vie bédouine tend à se réduire de plus en plus en Jordanie.
D'où l'idée de ce documentaire. Il y a encore des bédouins qui s'attachent à leur manière de vivre. Il est vrai que les êtres humains ont changé. Les enfants demandent autre chose que manger ou boire. Leur exigences sont de plus en plus nombreuses. Les parents doivent y faire face. La mondialisation a tout chamboulé.. La famille que vous avez vu dans le documentaire a été forcée de vivre dans un village. Mais, chaque été ils reviennent à leur kheîma », a expliqué Said Najmi, après la projection. Selon lui, la vie bédouine est difficile mais a l'avantage d'être apaisante.
Apaisante dans un monde mis en mode accéléré. Moins intéressant, le court métrage « Vie sans vie » de l'algérien Akram Zaghba reprend péniblement le thème de la femme battue. Une universitaire (Malika Belbay) se marie avec un algérien vivant en France. On ne voit pas le visage de cet algérien violent qui bat, sans raison, sa femme, matin et soir. Une femme qui ne tente pas de résister malgré l'insistance de la voisine (Farida Ouchani). Celle-ci fait appel à l'assistance sociale, mais « la femme battue » ne veut pas porter plainte contre son époux, ni sortir de la maison. Après, rien ! Le film tombe dans un puits. Sentiers battus, diriez-vous ? Ce court métrage n'est sauvé que par le jeu sincère de Malika Belbay. Akram Zaghba, qui vient du monde de la chorégraphie et de la télévision, a échoué à mettre en évidence l'intérêt du sujet qu'il veut développer et n'a pas su trouver une issue à sa narration. « Je voulais éviter de parler d'un jeune garçon qui part en France ou en Europe et qui souffre. J'ai préféré raconter l'histoire d'une femme qui, au lieu de trouver la belle vie qu'elle cherche, sera face à d'autres problèmes. La violence que j'évoque dans le film n'est pas seulement les coups mais également l'humiliation et la hogra. Le rêve de la robe blanche peut se transformer en malheur », a déclaréAkram Zaghba.
Décédé en 2011, le cinéaste égyptien Mohamed Oussama Al Selmaoui était présent à Oran à travers son documentaire-portrait, « Ana hawit » (« Je suis amoureux »). C'est l'histoire d'un musicien d'origine syrienne qui anime l'univers nocturne du Caire. Muni de son oud, il passe d'un café à l'autre, d'un bar à l'autre pour interpréter les chants du tarab arabe. On le voit chanter: « Wachrah laha » du syrien Fahd Belan. « Je crois que j'ai réalisé mon rêve », a confié l'artiste au cinéaste. Selon Romany Sâad, ohamed Oussama Al Selmaoui préparait un autre film sur la révolution égyptienne.