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Cette île qui nous habite
FESTIVAL D'ORAN DU FILM ARABE 2012
Publié dans L'Expression le 20 - 12 - 2012


Scène du court métrage de Amin Sidi Boumedienne
17 décembre à la cinémathèque d'Oran. La matinée est consacrée comme d'habitude à la traditionnelle projection de courts métrages en compétition.
Yacine Bouaziz producteur du film (Thala film) dira lors du débat démystifiant ainsi le nouveau film de Amin Sidi Boumediene: «C'est un homme qui vient de l'avenir. Il fuit une situation donnée pour refaire peut-être sa vie. Il échoue sur une île qui se trouve être l'Algérie. Sur un plan métaphorique, cela renvoie à nous-mêmes qui vivons tous quelque part dans nos têtes, dans notre imaginaire. Tous ces gens qu'il croise (les Noirs sans papiers, Ndlr) sont aussi des exilés sur cette forme d'île. Qu'on arrête de penser que le harraga c'est toujours du Nord vers le Sud. Un jour peut-être les donnes vont se renverser.»
Film utopique à première vue, non? Sans doute et tant mieux même que le réalisateur puisse rêver le monde et surtout aiguiser une fable fantastique. Une écriture cinématographique audacieuse en tout cas qui a laissé songeur plus d'un dans la salle. Car, pas facile de passer de la science, fiction à la fiction tout court sans escamoter le genre de narration. Ici pourtant ça fonctionne pas mal.
L'on habite souvent son imaginaire. Ceci reste souvent le meilleur refuge, à plus forte raison contre toute forme d'agression spirituelle, intellectuelle ou manipulation externe. Belle parabole déployée dans ce film que vient étayer une mise en scène des plus impeccables rehaussée d'un cadrage parfait, léché et épuré, à l'image de l'autre court métrage Alger, demain?
Dans l'Ile donc, le nom de ce film qui dure plus d'une demi heure, l'on est transporté dans un ailleurs sublimé qui est pourtant notre entourage immédiat auquel on y prête plus souvent attention. Ainsi, dans la foulée temporelle de la première partie de ce film délicat, nous allons suivre les pérégrinations de cet étranger à travers les dédales d'une ville fantôme, car tournée sans doute à l'aube, au mois de juillet dernier.
La caméra du réalisateur prend le temps de suivre ce personnage, pas à pas et nous entraîner avec lui dans sa marche épuisante, à la rencontre du troisième type. Cette scène avec ces blacks SDF dans la rue est une réelle fulgurance. Un croisement de chemin puis un choc humain singulier. Etranger à nous-mêmes écrivait Julia Krisitva. Cela peut être dans son propre pays, y compris dans sa famille. Ici c'est toute la magie du cinéma qui opère, grâce à une mise en abyme traduisant le coeur battant de ce que tendait assurément le réalisateur à transmettre comme émotion appuyée par ces regards apeurés qui s'entrechoquent, mélange de frayeurs et de bizarrerie. Une partie du film des plus étranges, soutenu par un montage son minimaliste.
Point de dialogue mais des sensations et le souffle haletant de cet étranger, en sus de quelques bruitages pour compléter ce magnifique décor environnemental. Et puis cette tension qui monte, monte, accompagnée par cette bande son aussi belle, terrifiante, qu'angoissante. Une machine dans l'inconnu. Et ce «survivor», comme sorti tout droit du film I am legend.
Monsieur X, appelons-le ainsi, déambule dans sa solitude noire, ce labyrinthe qu'est la ville, aidé par ces cailloux de fortune trouvés après avoir creusé un trou dans le sable. Des photos en fait, en noir et blanc de cette ville, qui vont l'aider à l'instar d'un petit Poucet à retrouver sa voie. Et cette lourde tape à la porte. D'un coup, l'histoire prend une nouvelle tournure.
«L'extraterrestre» en question ôte son masque pour faire apparaître une figure humaine. Un homme va changer d'identité pour devenir un Algérien parmi tant d'autres et se fonde dans la masse. L'on bascule dans un climat plutôt «normalisé». C'est le personnage campé par l'excellent Kader Affak qui va lui procurer toute cette paperasse administrative.
Si l'étranger fuit comme les innombrables harraga son monde pour un autre meilleur en arrivant en Algérie (ex-El Jazira Ndlr), un jeune, qu'il va rencontrer aussi dans cette maison désaffecté qui fait office de bar, lui annonce que lui aussi aspire à partir.
Avec ce court métrage à la lumière tendrement poétique, Amin Sidi Boumediene signe une ascension dans sa désormais longue liste filmographique, spécialisé en court métrage. Une évolution notable qui a valu aussi à ce film la récompense du meilleur film arabe cette année au Festival international du film d'Abou Dhabi. Aussi, au-delà de l'intérêt du voyage intérieur personnel que narre ce film, et ce à travers le parcours spatio-temporel qu'opère cet individu pas si atypique que ça, un autre personnage est mis en avant. Celui dans lequel on évolue quotidiennement, l'espace extérieur cette fois, illustré par ces plans panoramiques que découvre l'étranger. La ville bien sûr, avec ses paysages urbains et son architecture en déliquescence qui, avec le temps revêt un caractère désuet, presque effacé.
Une ville qui perd de son âme, comme cette fameuse maison hantée négligée par les autorités et qui pourtant fut une si belle bâtisse, jadis. De la fragilité humaine noyée sans doute dans cette vague de délabrement urbain, quand celui-ci se voit oublié, annihilé, presque comme cet extraterrestre au visage caché. Un extraterrestre pas si extraterrestre que ça. Car, à regarder de près, nous le sommes tous pour quelqu'un d'autre. Suffit-il qu'on vient d'un ailleurs pour être taxé d'extraterrestre? Très belle leçon d'humilité développée dans ce court métrage des plus lyriques, prenants et fantasmagoriques.
L'île est souvent en nous-mêmes en vérité. Voilà enfin un film intelligent qui ne tombe pas dans la mièvrerie plate de certains cinéastes qui se complaisent dans la description au premier degré. C'est le cas du court métrage intitulé Une vie sans vie de Akram Zaghba, avec comme actrice principale Malika Belbey.
En gros c'est l'histoire d'un mari qui bat sa femme en France. Celle-ci obéit à cet homme, tout en se taisant, par peur mais aussi en prenant tout sur elle car elle est censée endurer pour obtenir la nationalité française après quelques années. On le devine du moins. Cette femme blessée dans sa chair est soutenue par sa voisine qui tente de la faire sortir de ce drame conjugal. En vain.
Un mariage transformé en cauchemar. Le film pèche par des scènes de violences incalculables et d'un dialogue des plus simplistes. L'histoire manque réellement de profondeur. Un film, faut-il le noter, fait dans le cadre d'un projet de fin d'année d'école. Dans un autre registre est ce documentaire jordanien cette fois, du réalisateur Saïd Najmi.
Sobrement appelé Faces, (visages) ce film a pour cadre le milieu bédouin dans le désert de Petra en Jordanie. Ce film présente la quiétude d'une famille sereine qui vit dans la simplicité mais est heureuse. Cependant le père songe sérieusement à quitter cette existence, tout vendre pour aller s'installer en ville là où les moyens et le confort matériel, se trouvent et ce, dans le but surtout de répondre aux besoins de sa famille et assurer la scolarisation de ses enfants. Un film touchant et humain, dévoilant avec, gros plans à l'appui des êtres évoluant dans un milieu naturel rude mais peuplé de gens qui sont parvenus à s'y adapter et créer une vie faite de bonheur et d'harmonie.
Un film qui n'a pas ennuyé une seconde tant était-il enveloppé d'une fraicheur et d'une sérénité inégalée. Avec ce doc et l'Ile, enfin, quelque chose de beau dans ce monde de brutes en cette sixième édition du Fofa qui se distingue beaucoup plus cette année par son aura catastrophique.


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