Les banques algériennes pourraient bientôt ouvrir des succursales dans les pays où il y a une forte communauté nationale expatriée, a annoncé, hier, Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger. Le ministre, qui intervenait lors d'un atelier pour l'investissement de la diaspora algérienne organisé par l'Agence pour la coopération internationale et le développement local en méditerranée (ACIM), a signalé que cette option fait partie des recommandations qui seront transmises au président de la République par un groupe de travail composé de représentants de l'Association banques et établissements financiers (ABEF) et le ministère des Finances et le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger. Abderahmane Benkhalfa, délégué général de l'ABEF, a cependant préféré nuancer cette annonce en indiquant que ce projet n'est qu'au stade de la réflexion. Plusieurs voies sont explorées, selon lui, pour trouver des mécanismes qui permettront de mettre en place des produits et des services bancaires adaptés aux Algériens expatriés. « Nous voulons faire en sorte que les capacités bancaires algériennes soient adaptées aux besoins de la diaspora algérienne aussi bien en matière de valorisation de leur épargne que pour l'installation de leur activité en Algérie », a expliqué M. Benkhalfa. Les banques européennes, notamment françaises, peuvent jouer « un rôle important » dans cette démarche, a-t-il noté. D'après lui, l'on s'attend à un flux de délocalisation d'activités initiées par la diaspora algérienne de l'étranger vers l'Algérie et les banques seront appelées à accompagner ces opérations. L'Algérie, note-il, ne veut pas se contenter « de racler l'épargne de la communauté nationale installée à l'étranger ». « Nous avons 4 millions de comptes en devises qui appartiennent aussi bien à des entreprises qu'à des particuliers. Ces comptes ont un solde important et reçoivent directement ou indirectement de l'argent de résidents à l'étranger. Mais nous, nous visons une réelle installation de l'activité en Algérie et une délocalisation qui apporte une valeur ajoutée. Nous ne voyons pas l'émigré comme une source d'épargne mais comme porteur d'investissements directs », a encore souligné M. Belkhalfa. Par ailleurs, M. Ould Abbès a annoncé que le Conseil consultatif de la communauté nationale à l'étranger, créé par décret présidentiel le mois d'août dernier, sera bientôt installé. Les vingt chefs d'entreprise issus de la diaspora algérienne vivant à l'étranger ont profité de cette occasion pour exposer leurs doléances au ministre. Certains d'entre eux n'ont pas manqué de souligner qu'ils sont directement touchés par les dernières mesures sur le commerce extérieur et l'investissement introduites par la loi de finances complémentaire 2009 et d'autres textes réglementaires. Il en est ainsi du représentant de l'entreprise Pyrescom Atlas, Karim Yahyabey, dont la société est présente en Algérie depuis dix ans. « Cela a été une belle aventure semée d'embûches. Il y a beaucoup de choses qui ont été mises en place à travers la loi de finances complémentaire et la réglementation. C'est gênant. Le crédit documentaire est lourd de conséquences, notamment pour les petites entreprises », a-t-il soulevé. Abondant dans le même sens, Farouk Belhouchi, de la société Afaqconseils, a relevé que de nombreux Algériens installés à l'étranger « ne comprennent pas l'esprit de la loi de finances complémentaire ». « Sommes-nous considérés comme étant des Algériens à part entière ? », s'est-il interrogé. Mourad Kahoul, représentant de l'entreprise la Rose des sables, spécialisée dans la pêche et l'aquaculture, fera savoir qu'il a créé deux entreprises, dont l'une est à Agadir (Maroc) et l'autre à Syrte (Libye). Il a affirmé qu'il aurait aimé investir dans son propre pays, « où il y a plus 1200 km de côtes » et où le potentiel n'est exploité qu'à hauteur de 30%. M. Ould Abbès a assuré que les mesures contenues dans la LFC 2009 « ne sont pas dictées contre les investisseurs mais visent à protéger l'économie nationale ».