Un essai de Nidhal Guessoum, cet astrophysicien algérien, professeur à l'université américaine de Shardjah (aux Emirats arabes unis), et ancien chercheur de la NASA, montre à travers les 558 pages de son ouvrage, publié à la fin 2008 en France, qu'il « est possible de construire une approche respectueuse et rigoureuse à la fois de la science moderne et de l'Islam ». En grand fan d'Ibn Rochd, il explique que par le passé, « la religion musulmane a prouvé qu'elle était capable d'intégrer entièrement la connaissance scientifique dans sa propre vision du monde, de construire des contributions intellectuelles importantes dans divers domaines et secteurs. Les philosophes d'Al Kindi à Ibn Rochd, ont entièrement digéré la philosophie helléniste, les scientifiques d'Ibn Haytham et Al Biruni, Al-Tusi et Ibn Shatir, ont fait de même avec la science babylonienne et grecque, et les médecins de Ibn Suna à Ibn Nafis également. Ils sont allés plus loin que leurs prédécesseurs, révélant leurs erreurs, découvrant de nouveaux faits, inventant de nouvelles méthodes et outils, produisant une civilisation authentique, organiquement cultivée ». En citant des faits historiques et des historiens de renommée, l'auteur écrit : « l'Islam est parvenu à réaliser cette grande civilisation synthétique lorsqu'il s'est ouvert sur le monde avec confiance, en permettant à des penseurs d'assimiler entièrement les sciences et l'héritage philosophique de l'humanité et d'explorer sans craintes de nouvelles idées et routes ». Selon le chercheur, « la société musulmane doit reconnaître l'importance multidimensionnelle de la science, ré-adopter cette attitude interactive ouverte et allier intelligemment les idées modernes à ses propres principes » . Une mission que les intellectuels comme lui, doivent, dit-il, poursuivre. Dans son ouvrage, l'auteur consacre un grand chapitre à la « miraculosité » scientifique du Coran, ou Al I'Djaz Al Ilmi, pour inciter le lecteur à une autre lecture sur les découvertes récentes dans les domaines de la physique quantique, de la biologie, de la paléontologie, de la cosmologie, pour découvrir que le Coran peut donner un sens au monde et une réponse à des questions devant lesquelles la science se sent souvent impuissante. S'appuyant sur le modèle d'Ibn Rochd, Guessoum invite à une voie médiane, en écartant celles erronées, telles la théorie du contenu scientifique miraculeux du Coran, le créationnisme mais aussi celles du scientisme, et le post-modernisme, qui ne respectent pas la religion et la science moderne. Usant d'une langue accessible à tous, il entame son ouvrage « en revenant au fondement, Dieu, le Coran et la science, puis traite en détail l'évolution darwinienne, la cosmologie moderne, les miracles, l'effet de la prière, etc ». L'ouvrage est très riche en enseignements et tranche totalement avec la lecture littéraire rétrograde du Coran et de la Sunna, très répandue dans le monde musulman et surtout à l'origine de la fermeture des portes de l'esprit scientifique. Bref, le livre bat en brèche l'orthodoxie musulmane et l'absence de rationalité dans les débats religieux, ce qui expliquerait peut-être le fait qu'il ne soit pas dans les librairies en Algérie. Nidhal Guessoum, qui a côtoyé des prix Nobel et participé à de nombreux colloques scientifiques mondiaux, est fils d'un doyen de l'Institut des études religieuses de l'université d'Alger. Il a quitté l'Algérie vers le début des années 90, période où il se focalise sur le problème de l'observation lunaire, traitée dans une étude de référence, sur la base de recherches astrophysiques nouvelles et modernes. Durant cette période, il axe son travail sur l'interface existant entre la science, la religion et la philosophie, en se référant non seulement aux ouvrages de Barboure, Peacodke, Plokinghorne et Ruse, mais surtout à ceux d'Al Ghazali, Ibn Rochd, (XIe et XIIe siècles) et de Ikbal et Nasr (XXe siècle). Nidhal Guessoum Réconcilier l'Islam et l'esprit d'Averroes Edition : Presses de la renaissan