Le Ghana, qui réussit la performance d'atteindre le dernier carré d'une Coupe d'Afrique pour la quatrième fois de suite, rencontrera en demi-finale mercredi prochain à Nelspruit le vainqueur du quart Burkina Faso-Togo, lequel sera disputé aujourd'hui. Pour le Cap-Vert, plus petite nation à disputer le tournoi continental (500 000 habitants) et entraînée par un contrôleur aérien en congé sabbatique, Lucio Antunes, l'aventure sous forme de rêve éveillé s'arrête donc là. Mais le parcours de l'archipel lusophone, pour sa première CAN, relève en soi de l'exploit. Un exploit teinté d'amertume, car la décision s'est faite en quelques minutes d'intervalle en début de seconde période, deux faits de jeu et autant de coups du sort, cruel, pour les Cap-Verdiens. Un coup de malchance d'abord lorsque leur meilleur joueur, Mendes, visiblement touché à la cheville, devait sortir (51', remplacé par Platini). Puis un coup d'épaule, donné par Carlitos sur Gyan, déséquilibré dans la surface, occasionnant un penalty et l'ouverture du score signée Mubarak Wakaso (54'). Son deuxième but, marqué dans un but vide car déserté par le gardien cap-verdien au bout du temps additionnel (90'+5), relevait de l'anecdotique, sauf pour lui, puisqu'il rejoignait Alain Traoré en tête du classement des buteurs (3 buts), sachant que le Burkinabé est forfait pour le reste de la CAN. Dauda homme du match Amertume cap-verdienne, aussi, car étonnamment et encore une fois contre toutes les attentes, c'est bien les Requins bleus qui ont produit du jeu et pourvu le match de mouvements, face à des Blacks Stars solides et solidaires en défense mais sans idée dans l'animation. Gyan et Asamoah ont rarement été servis, et le milieu ghanéen était régulièrement transpercé par les vagues îliennes. Comme si les hommes de James Kwesi Appiah restaient sur la réserve, et retombaient dans les travers entrevus face à la RD Congo (2-2) et au Mali (1-0)… Et le meilleur des Ghanéens fut sans conteste leur gardien Dauda, auteur de superbes parades sur un tir de Platini vers la lucarne (59'), une frappe sèche de Djaniny bien placée près du poteau (82'), et un missile sur coup franc de Heldon (90'+4). Il fallait bien une deuxième période dans ce match, le premier à élimination directe de cette CAN, et qui a d'abord senti la peur, la crispation. La première période était totalement fermée, entre joueurs de champ qui refusaient de se livrer et deux gardiens placardisés aux emplois fictifs. Le jeu se cantonnait au milieu de terrain et les occasions de but à un niveau proche de zéro, avant que la seconde période ne propose davantage de frissons. Mais plutôt côté cap-verdien que ghanéen. On appellera ça la naïveté face à l'expérience…