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école : maman, en classe il fait -5° C !
Publié dans El Watan le 08 - 02 - 2013

La tête couverte d'un bonnet mouillé, une écharpe autour du cou, emmitouflés dans une grande doudoune et des gants chauds, les élèves peinent à sortir leurs cahiers de leur cartable et à écrire, pressés de rentrer chez eux pour se réchauffer. Dans leur classe, le chauffage ne fonctionne plus depuis… dix ans ! Il ne s'agit pas d'une commune enclavée de l'Algérie profonde, mais du collège Bougara, au cœur de Birkhadem, à Alger. Ce n'est pas non plus une exception dans la capitale où 37 établissements n'ont toujours pas de chauffage.
«Dans 13 de ces écoles, le chauffage est en cours de réparation», affirme Ali Hamadache, président du bureau régional d'Alger de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation. «Certains ont même été réceptionnés en septembre 2012 sans aucune installation de chaudière ou de chauffage», ajoute Sid Ali Admene de l'Unpef d'Alger-Ouest. Plusieurs grèves sont lancées. Au collège Bougara, les enseignants débrayent depuis le 29 janvier. Leur mot d'ordre : aucune reprise du travail sans chauffage et sans l'amélioration des conditions d'enseignement en classe. Si le ministère ne répond pas à leurs revendications, ces grévistes observeront dimanche un sit-in devant la direction de l'éducation.
A l'école primaire Zaâtria de Souidania, la grève a été entamée mercredi passé. Lundi prochain, ce sera au tour du collègue de Bouchaoui. «Il fait plus froid en classe qu'à l'extérieur. Parfois des gouttes d'eau tombent sur mon cahier. L'étanchéité est mal faite. Des carreaux sont cassés et il manque des portes», témoignent Ishak, Madjid et Halim qui préparent leur examen du BEM. «Quand la pluie est accompagnée de rafales de vent, nous sommes obligés de remettre nos bonnets. Nous sommes souvent envahis par l'eau. Des flaques se forment à l'intérieur des couloirs et des classes», témoigne leur camarade Inès.
Pipi en classe
«D'un simple point de vue pédagogique, l'enfant ne peut rien assimiler si la température ambiante n'est pas bonne, explique Titraoui, enseignant en sport dans le même collège depuis trente ans. Dans le passé, les enseignants interdisaient aux élèves de garder leur manteau, pour leur bien. Mais aujourd'hui, ces enseignants se retrouvent eux-mêmes obligés de donner leurs cours enveloppés dans leur manteau, bonnet sur la tête et écharpe autour du cou. Il est impossible d'assurer une bonne scolarité dans pareilles conditions.» Plus grave.
«Les plus jeunes qui sont en première année du collège font pipi en classe !», se désole-t-il. «Nous n'avons pas arrêté de dénoncer cette situation, pour rien vraisemblablement, précise une maman. Ma fille est scolarisée dans cette école depuis quatre ans. Samedi dernier, les parents d'élèves ont tenu une assemblée générale pour tirer la sonnette d'alarme, dans l'espoir que cela puisse faire bouger les concernés. L'hiver est très rude cette année et nous ne pouvons pas obliger nos enfants à avoir de bons résultats, alors que les conditions sont misérables.» Pourtant, 8 millions de dinars ont été alloués aux équipements par le ministère de l'Education pour l'exercice 2012-2013, dont 1 million pour renouveler les chauffages dans les établissements scolaires. Alors où se situe le problème ? Les syndicats parlent de «lobbies».
Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) dénonce les lenteurs réglementaires. «Pour une réparation de chauffage, il faut mettre en route une soumission et la procédure prend au minimum un mois rien que pour trouver le réparateur. Quand tout cela est mis en place et les réparations faites, les établissements, en particulier les écoles primaires, ne comptent pas de techniciens spécialisés parmi leurs employés pour l'entretien», affirme Idir Achour. «Ce sont des promoteurs privilégiés qui décrochent souvent le marché, et ce, même s'ils ont déjà fait preuve d'un manque de sérieux», regrette-t-on à l'Unpef.
Justice
Ahmed Khaled, président de la Fédération nationale des associations des parents d'élèves, pointe du doigt les chefs d'établissement : «Ce sont en premier lieu les APC et les directeurs d'éducation qui ne font pas leur travail. Il faut, à mon avis, ester en justice tout chef d'établissement et directeur de l'éducation qui n'aura pas déboursé son enveloppe budgétaire destinée au chauffage.» Les associations des parents d'élèves sont-elles inactives? «Les chefs d'établissement ne sont pas flexibles et n'aiment pas traiter avec les associations des parents d'élèves. Personnellement, j'avais demandé à plusieurs directeurs d'école de nous préparer une fiche technique du matériel dont ils ont besoin pour la remettre au P/APW qui affichait sa disponibilité d'apporter son aide. Mais j'ai été surpris de savoir que ces directeurs ont refusé notre aide sous prétexe qu'ils n'ont pas reçu de directives de la part de leur tutelle», répond Ahmed Khaled.
à Ouaguenoun (Tizi Ouzou) , des résistances pour ne pas grelotter
A l'école Agouni Ouzaraz, à 5 km du chef-lieu communal de Ouaguenoun, les 62 élèves de cette école subissent les affres des conditions contraignantes de leur scolarité. Des pannes fréquentes surviennent sur les appareils de chauffage, des poêles à gasoil vieux de dix ans… En l'absence d'un directeur depuis plus d'un mois, la fonctionnaire administrative et les enseignants de l'école sont contraints de travailler avec les moyens du bord et de se rabattre sur des solutions de fortune, telles que les résistances électriques, pour éviter aux élèvent de grelotter de froid.
«Cela fait des années que nous demandons aux autorités locales de nous doter d'autres appareils de chauffage. Il n'y a pas longtemps que nous avons demandé 3 poêles à mazout pour changer les appareils défectueux, mais nous n'avons toujours rien reçu», nous a confié un enseignant de l'établissement. Beaucoup de parents d'élèvent ont retiré leurs enfants de cette école pour les inscrire dans d'autres établissements situés au chef-lieu communal, où les moyens sont plus ou moins disponibles, afin de leur assurer une scolarité «normale».
En kachabia en classe à Tébessa
«On grelotte en classe, on est contraints de porter manteaux et kachabias», nous dit Hazim, élève de 4e année primaire à l'école de Ghilane, un quartier de la commune d'El Kouif. Les élèves de l'école primaire Drid Abdelmajid, dans la commune de Boulhef Dyr, à 15 km de Tébessa, eux, sont obligés de sécher les cours à cause du froid qui règne dans les salles de classe. «Par ce temps glacial, je préfère rester à la maison que d'aller en classe», se plaint Kaïs, un élève de 5e année. Des élèves des écoles se trouvant dans des zones éparses, notamment à El Houijebet, à Aïn Zerga et dans d'autres localités, où le mercure est descendu à -3°C, suivent les cours dans des conditions lamentables. Ces écoles sont privées de chauffage par manque de combustible, puisqu'elles sont dotées de poêles à mazout, une pénurie causée par la contrebande.
«J'attends ma commande de mazout depuis le mois d'octobre, les écoliers gèlent à cause du froid», nous a déclaré un chef d'établissement. Il y a aussi le manque d'entretien des appareils de chauffage avant la rentrée scolaire par les services de la commune et certaines installations vétustes dans certains CEM et lycées, doivent être réhabilitées ou remplacées. Les professeurs des technicums de Tébessa et de Bir El Ater ont recouru, il y a une quinzaine de jours, à la grève pour exprimer leur ras-le-bol. Le chef du service de programmation et de suivi à la direction d'éducation, Adel Alleg, a précisé que le problème de chauffage dans les écoles incombe entièrement aux APC. Il a ajouté que celui concernant les CEM et lycées de la wilaya de Tébessa est en cours de résolution.
à Oran, les chauffages arrivent… en été
Si le ridicule ne tue pas, à Oran, il nous fait au moins «se cailler les miches». En effet, les élèves du cycle primaires de Bir El Djir (à l'est d'Oran) devront attendre le mois d'avril, c'est-à-dire lorsque le climat aura quelque peu chauffé, pour enfin bénéficier de l'installation du chauffage. Lors de la rentrée sociale, les autorités ont annoncé, en bombant le torse, l'installation d'un système de chauffage pour les établissements scolaires de cette commune. Pour cela, une enveloppe de pas moins de 70 millions de dinars leur a été allouée.
Le hic est que les travaux de ces installations ne se feront pas en un tournemain. Un délai de plusieurs mois était nécessaire avant que les salles de classe soient enfin chauffées. Sauf qu'une fois les chauffages opérationnels, les élèves pourront s'en passer ! A la direction de l'éducation, où nous nous sommes rendus, aucun des responsables n'a pu être joint pour nous donner plus de détails.
à Aïn Defla, la grippe complique tout
Si les écoles situées au chef-lieu de wilaya de Aïn Defla, les classes ne sont pas chauffées, alors que dire de celles implantées dans les zones rurales enclavées où les conditions de scolarité sont tellement déplorables que le président de la Fédération des parents d'élèves ne cesse de tirer la sonnette d'alarme. Aussi, à l'école du 1er Novembre, en plein centre-ville de Aïn Defla, les radiateurs ne fonctionnent pas depuis les années 1990, nous confie une enseignante. Abdallah Benmokhtar, Fedwa Halledj et leurs camarades gardent leurs manteaux pour ne pas attraper froid. La petite Fedwa témoigne : «Aujourd'hui, le froid est insupportable et m'empêche de travailler à l'aise.»
Les parents d'élèves ont à maintes reprises saisi les autorités locales, en vain. L'épidémie de grippe qui sévit actuellement complique la situation. Plusieurs élèves malades ont dû être isolés, selon le responsable de la santé scolaire. Cependant, des enfants mal guéris sont tout de même admis, comme nous l'avons constaté sur place. D'autres écoles dotées de poêles, souvent défectueux, laissent dégager leurs gaz brûlés, ce qui pousse les enseignants à ouvrir les fenêtres. L'annonce de l'envoi de commissions ministérielles dans les établissements scolaires pour s'enquérir des conditions de scolarité a donné lieu à un véritable branle-bas de combat dans la wilaya ou P/APC et chefs de daïra multiplient les contacts avec les directeurs d'école, a indiqué un directeur d'école qui tient à garder l'anonymat et de s'interroger : «Pourquoi seulement aujourd'hui ?»


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