En cet hiver glacial, les 20 000 élèves du cycle primaire qui prennent le chemin des écoles dans la commune de Béchar grelottent de froid, car l'hiver est extrêmement rude dans le Sud, particulièrement pour ces petits lève-tôt qui affrontent les matinées glaciales, situation aggravée aussi par l'horaire choisi par l'Algérie (GMT+1) qui n'arrange pas les choses. De l'avis général, cette heure en décalage par rapport au temps universel présente un inconvénient majeur en hiver, car les enfants scolarisés prennent la direction des écoles à partir de 7h30, avant même l'apparition des premières lueurs de matin. Les 61 écoles du chef-lieu de wilaya fréquentées par les élèves du premier cycle sont soit dépourvues de poêle à mazout ou équipées de l'appareil de chauffage défectueux depuis plusieurs années. C'est en tout cas ce que nous a révélé un chef d'établissement qui a insisté pour garder l'anonymat. « Je ne veux pas avoir d'ennuis avec la tutelle, mais je vous fais confiance », nous a-t-il déclaré. Les responsables des écoles comme ceux des services déconcentrés de l'Etat ont été récemment destinataires d'une note du wali leur interdisant de communiquer avec la presse sans l'aval de la cellule de communication installée au niveau de la wilaya pour arracher une information anodine. Ce chef d'établissement scolaire nous confie que plusieurs écoles du primaire sont actuellement chauffées à base de résistances électriques achetées grâce aux cotisations des associations de parents d'élèves qui ont suppléé la défaillance des structures de l'Etat. Ce palliatif n'est pas cependant sans danger, même s'il alourdit la facture d'électricité (trop chère dans le Sud), ajoute notre interlocuteur. Il faut savoir que la gestion et le contrôle des poêles à mazout installés dans les établissements scolaires du primaire relèvent directement des services de l'APC. Mais ces derniers ne disposent pas d'une équipe pour l'entretien permanent de ces appareils de chauffage, tâche à laquelle ne peuvent se consacrer les enseignants ou les chefs d'établissement. Pour l'heure, la mission de la municipalité consiste à approvisionner les écoles en mazout emmagasiné dans des fûts à l'abandon, indique encore le directeur d'école. Il ajoute que son souhait est de voir les écoles du cycle primaire se soustraire de la tutelle de l'APC pour exercer leur propre autonomie et engager une réflexion pour désigner une équipe qui se chargera de cette tâche. Les communes, dira-t-il, sont submergées par d'immenses obligations quotidiennes qui les rendent inaptes à s'occuper de l'entretien et de la mise en marche des appareils de chauffage dans les écoles. Cependant, un enseignant au fait de la question affirme de son côté que la situation dans la commune est meilleure pour les élèves des 21 CEM et 8 lycées dont la majorité est équipée soit de poêles à mazout fonctionnant normalement, soit de chauffage central. Une récente réfection de 3 CEM (2 à Debdaba et 1 à Beni Ounif), indique encore l'enseignant, aurait nécessité une enveloppe de 700 millions de centimes, dépassant largement les capacités financières des établissements scolaires, mais l'opération a été inscrite au budget d'équipement de la direction de l'éducation. Aussi, la situation dans les autres établissements scolaires des 21 communes de la wilaya n'est pas préoccupante, car ils sont tous dotés de poêles à mazout en service eu égard au nombre relativement faible des écoles (1 ou 2 écoles par commune), selon l'importance démographique de la localité. Les établissements du moyen et du secondaire sont beaucoup mieux lotis en raison de l'autonomie financière. Mais pour mettre un terme définitif au calvaire des élèves transis par le froid glacial dans les écoles du premier cycle et dans un souci d'économie et de commodité pratique, la solution idéale serait, selon nos interlocuteurs enseignants, d'inscrire une opération de remplacement des poêles à mazout par le gaz de ville qui ne nécessitera aucune intervention de la part des services de l'APC. Néanmoins, on a appris qu'un lot de 250 poêles à mazout a été envoyé il y a quelques jours par la direction de l'éducation à la commune pour équiper les écoles du primaire qui en sont dépourvues. Ces nouveaux équipements vont-ils retarder l'inscription du projet en question ? Dans le cas contraire, pourquoi avoir engagé des dépenses superflues ? s'interrogent de nombreux enseignants.