Un essai clinique concernant un vaccin à visée curative contre le virus (VIH) du sida vient d'être annoncé pour la fin mars, par l'équipe du Dr Erwann Loret de l'hôpital La Conception de Marseille. Il concernera, dans un premier temps, 48 volontaires porteurs du VIH et traités avec la multithérapie et dont la charge virale est indétectable. Le but est de substituerune vaccination comme traitement unique et définitif permettant de contrôler à moyen terme la propagation du virus et, ensuite, à plus long terme, l'éliminer, à la multithérapie (traitement à vie). Il s'agit certes d'une bonne nouvelle dans le progrès en matière de lutte contre le sida mais, néanmoins, il serait sage d'en relativiser la portée, car plusieurs essais de vaccins à visée thérapeutique ont été menés dans le monde avec un succès relatif. La difficulté redondante réside dans le fait que le VIH est, d'une part, doué d'une grande capacité de muter et de donner des variantes échappant ainsi au contrôle par l'immunité, et d'autre part que ce virus s'attaque au système immunitaire qui est censé le contrôler et l'éliminer. Quant au vaccin lui-même, il cible une protéine produite par le VIH au cours de sa multiplication dans les cellules infectées. Il s'agit d'une protéine dénommée TAT (transactivating factor) qui, lorsque le VIH est intégré dans l'ADN de la cellule infectée, va lui donner le signal de s'activer et de produire du VIH à grande vitesse. Le facteur TAT est donc un élément positif pour le développement du virus dans l'organisme du malade. Aussi, il existe un autre facteur appelé NEF (negative factor) produit par le VIH qui, lorsqu'il est sécrété, va freiner la multiplication du virus et le mettre en «repos». Travailler sur TAT en inhibant sa production ou au contraire travailler sur NEF en favorisant sa production sont deux pistes intéressantes dans un projet de vaccin contre le virus du sida. La première piste (TAT) a été développée par Erwann Loret à Marseille, l'autre piste (NEF) est développée par Luc Montagnier à New York. Le candidat vaccin TAT (qui va être expérimenté à Marseille) repose donc sur l'injection au patient de la protéine TAT du VIH. Il va s'ensuivre après rappel une production d'anticorps neutralisants TAT produit par les cellules infectées et une production de cellules tueuses spécifiques (lymphocytes T cytotoxiques) des cellules infectées. Ainsi, l'action concomitante des anticorps neutralisants et des lymphocytes T cytotoxiques aboutira, à terme, à une éradication des cellules infectées par le VIH et aboutir à une guérison de l'infection. Tel est le principe et la réalité des défenses anti-infectieuses. Mais de l'espoir à la réalité, la voie est encore incertaine. En effet, dans cet essai, il ne s'agit aujourd'hui que d'une première étape dite phase 1, qui consiste à mesurer si le candidat vaccin est bien toléré par le patient sans préjuger de son efficacité. Ce sera la deuxième étape, dite phase 2, qui permettra d'évaluer les réponses immunitaires spécifiques à ce virus et donc de la capacité du vaccin à éliminer définitivement le virus de l'organisme du malade et aboutir à une guérison du sida.