Le fonctionnement et l'organisation du tribunal criminel sont en cours de révision. Il est question d'abandonner le principe de la conviction au profit de celui des preuves. Il sera composé uniquement de magistrats spécialisés. Ce sont là les points forts de la conférence de presse animée, hier par le procureur général près la cour d'Alger, Belkacem Zeghmati, en marge de la cérémonie de l'ouverture de l'année judiciaire. Selon lui, cette révision obéit à la nécessité de renforcer le droit à la défense d'une part et de respecter les engagements de l'Algérie en matière de droits de l'homme d'autre part. « Tel qu'il fonctionne actuellement, le tribunal criminel ne répond pas aux principes du droit à la défense par le fait qu'il ne permet pas une voie de recours au niveau de la cour, mais uniquement la cassation auprès de la Cour suprême », dit-il, ajoutant qu'il est temps d'abandonner le concept du tribunal de conviction pour aller vers celui des preuves. « La problématique est en débat continuel ailleurs et elle n'a jamais été tranchée », note-t-il. Zeghmati relève par ailleurs que le ministère public doit à l'avenir avoir le réflexe de s'autosaisir pour ouvrir des enquêtes lorsqu'une information est publiée par la presse. « Ne pensez pas que cela ne se fait pas actuellement. Nous recevons des milliers de lettres contenant des informations sur des faits. Certaines sont prises en charge parce que l'ouverture d'une enquête judiciaire est une lourde responsabilité. L'Algérien voit toujours mal le fait qu'il soit convoqué par la justice, même si c'est à titre de témoin », explique-t-il. A propos de la situation des ressortissants algériens installés au sud du pays et qui n'ont pas obtenu leur nationalité, le procureur général déclare que « la régularisation de ces cas est très sensible. L'acquisition de la nationalité algérienne nécessite une enquête très approfondie ». Interrogé sur le cas de Abderrazak El Para, M.Zeghmati affirme tout simplement que dans les prisons de sa circonscription, c'est-à-dire à Alger, il n'y a aucune personne de ce nom. Il explique au sujet des anciens prisonniers de Guantanamo, qu'ils font tous l'objet d'une procédure judiciaire, tout en étant en liberté. Pour lui, ils sont innocents jusqu'à ce que les tribunaux les condamnent. Il annonce par ailleurs que la cour d'Alger a été renforcée par 8 nouveaux magistrats, dont 6 femmes.