L'annulation à deux reprises de mission à l'étranger, par le directeur général des Douanes, a fait jaser plus d'un. Certaines sources généralement bien informées l'expliquent par une mesure d'interdiction de quitter le territoire prise dans le cadre d'une enquête préliminaire qui concerne la douane. Le directeur général, Abdou Bouderbala, dément et accuse des milieux « aux intérêts colossaux », d'être à l'origine de ce qu'il qualifie de rumeur visant à le déstabiliser. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, M. Bouderbala dément formellement, avoir été informé d'une quelconque mesure d'interdiction de sortie du territoire national, en exhibant son passeport et le courrier adressé au ministre des Finances, pour s'excuser de ne pas avoir pris part à la mission en Hollande, avec son directeur des ressources humaines. « Je suis scandalisé et choqué par cette rumeur qui a fait le tour de mes services. J'ai d'ailleurs été dans l'obligation d'apporter une mise au point à mes directeurs centraux que j'ai réunis et pour rassurer. Une telle mesure ne peut être prise sans que j'en sois informé, ou que mon ministre ne soit pas mis au courant. Ce genre de mesure ne se prend pas aussi facilement », dit-il. Selon lui, cette « rumeur » est la « conséquence » des lourdes mesures prises ces derniers temps, affirme-t-il, dans le cadre de sa mission de contrôle douanier. « Je sais qu'en donnant un coup de pied dans la fourmilière en mutant des personnes qui avaient plus de 28 ans dans des services-clés, en imposant des mesures contre la corruption, en frappant fort contre les courants de fraude, etc., j'ai bousculé des comportements assez solides et des intérêts colossaux. Les réactions ne se sont pas fait attendre », atteste-t-il. M. Bouderbala annonce par ailleurs que dans le cadre des opérations de contrôle, une direction du renseignement a été créée, et dont la mission est d'élaborer un fichier de fraudeurs. La fourchette de valeur que son administration a instituée a permis, selon lui, de réduire sensiblement le fléau de la minoration des valeurs par les opérateurs indélicats. Pour lui, le recours aux sociétés de contrôle avant expédition va mettre un terme à la contrefaçon. « Ces sociétés ne seront sollicitées que pour des opérations d'importations ciblées. Elles auront à vérifier l'origine, l'espèce et la valeur du produit acheté, avant son entrée en Algérie, sans pour autant empêcher un second contrôle par les douaniers une fois arrivé ». M. Bouderbala défend cette procédure de contrôle, en précisant qu'elle pourra être abandonnée lorsque l'assistance mutuelle sera possible avec les pays de l'Asie, d'où provient la plus grande partie de la marchandise contrefaite. A propos de la corruption dans les rangs des douaniers, il informe que beaucoup de choses ont été faites pour sanctionner les personnes prises la main dans le sac. « Les déclarations de patrimoine sont exigées pour tous les agents et elles sont vérifiées. Lorsqu'il s'avère qu'il y a des biens cachés, et il y en a eu, des sanctions sont prises », relève M. Bouderbala.