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La mémoire enfouie des donatistes
Publié dans El Watan le 26 - 04 - 2013

Benian, petite agglomération rurale dans la plaine de Ghriss, à 35 km du chef-lieu de la wilaya de Mascara, renferme l'un des sites archéologiques les moins connus d'Afrique du Nord, couvrant la période allant du IIe au Ve siècles après J.-C. Plus exactement, c'est sur les terres du douar Chouaref que se trouvent les vestiges de la fameuse basilique de Robba, tel que relaté par l'historien français Charles André Julien (Histoire de l'Afrique du Nord. Des origines à la conquête arabe). Basilique érigée à la gloire de dignitaires donatistes, dont la religieuse Robba qui a marqué son temps par un discours «rassembleur et foncièrement anti-romain». L'antique Alamilliria, aujourd'hui Benian, fait référence à un régiment de cavalerie de mille hommes envoyé de Césarée (Cherchell) au début du IIIe siècle. Il était chargé de lutter contre l'insécurité sévissant dans le sud de la Maurétanie césarienne, est-il largement admis chez les historiens. C'était la plus importante place forte de la frontière militaire qui longeait le sud, c'est-à-dire de Lalla Maghnia à Berrouaghia, en passant par Tlemcen (Pomaria), Ouled Mimoun (Altava), Tenira (Kaput Tassacora) et Sig. Une ville bérbéro-romaine enfouie à plus de 2,50 m sous terre. Aux alentours de cette cité antique existent, à ce jour, des cimetières anciens ; l'un d'entre eux est appelé encore «cimetière des Rouabas» par les autochtones.
Robba la rebelle
Quant à la basilique, elle mesure 26,80 m de long sur 16 m de large, faisant face à l'oued Taria. Juste au-dessus des caveaux des dignitaires donatistes dont l'entrée creusée sur les remparts est visible à ce jour, s'ouvre aux regards une civilisation bérbéro-romaine datant de 1600 ans, témoigne le docteur Reffas, qui s'intéresse depuis plusieurs années à l'histoire de la région. Les fouilles menées en 1898 par l'archéologue Stephan Gsell à Benian ont mis en évidence, dit-il, la basilique érigée à la mémoire de Robba, assassinée le 25 mars 434 après J.-C. par les traditeurs, à l'âge de 51 ans. L'évêque Nemessanus, la religieuse Julia Geliola, le prêtre Victor, l'évêque Donatus et le prêtre Crassens y sont également enterrés. «Les dernières fouilles engagées à la hâte et avec peu de précaution par l'APC de Benian ont mis au jour, un siècle après celles de Gsell, l'entrée des caveaux à l'est et des silos à l'ouest», ajoute-t-il. Dans les écrits consacrés à ces vestiges, Gsell avait conclu que «ce sont des monuments africains qui forment la meilleure part du musée chrétien du Louvre (France). Nous y avons envoyé l'inscription de notre martyr donatiste (Robba), les épitaphes de l'évêque Donatus et un des chapiteaux de la colonne de l'abside».
Des trésors dans les maisons
Au douar chouaref, Abdelkader, jeune agriculteur, s'efforce de rassembler et préserver comme il peut les quelques pièces de cette période. Il avoue avoir longtemps ignoré l'existence de ce site enfoui… sous ses pieds. «Pour de nombreux autochtones, ce sont de simples pierres sur lesquelles sont griffonnées des inscriptions aussi bizarres qu'incompréhensibles. Certains les ont réutilisées pour construite des habitations ou conforter les fondations de leurs haouchs qui menacent ruine.» Bijoux berbéro-romains, épitaphes et autres ustensiles qui ont survécu aux pillards et à la bêtise humaine meublent les cours des petites maisons de campagne tout autour. Dans l'une d'elles trône une jarre parfaitement préservée, datant d'au moins 1500 ans. Abdelkader l'utilise encore pour stocker de l'eau potable. «Des pièces comme celles-ci, beaucoup de personnes en gardent chez elles. Mais vous pouvez encore en trouver d'autres en creusant le sol près de l'entrée des caveaux», assure-t-il. Depuis que des articles de presse sont consacrés à la région, les va-et-vient d'universitaires d'Oran et de Mascara s'y sont multipliés. Cependant, aucune initiative officielle n'a été lancée pour préserver ce patrimoine millénaire. En 2005, un petit musée a vu le jour à l'initiative de Abdelkader et d'un groupe d'amis : un espace de 15 m2 qu'abrite une maison de jeunes à Benian. Une vingtaine de pièces y sont exposées. Des pièces qui ont voyagé depuis pour être exposées à Alger et Oran.
Un site abandonné
«Au bout de quelques années, tout un pan de notre histoire s'étala devant nous. Et nous découvrîmes à notre grande joie que Benian était une citadelle de la résistance anti-romaine, où venaient se réfugier les Berbères opposés à l'hégémonie romaine et l'Eglise catholique. Beaucoup de dignitaires de ce mouvement ont été inhumés dans cette cité antique où se trouve la basilique. Et cette préférence révèle le caractère stratégique des deux plaines (M'cid et Ghriss), où l'implantation de ce mouvement était sans équivoque», rapporte l'artiste peintre Sid Ahmed Hamdad qui a, aux côtés du docteur Reffas, entamé un travail de synthèse sur les l'histoire la région. Et d'enchaîner : «Si l'Arc de Trajan a été édifié à Timgad pour la gloire de l'empereur romain, la basilique de Robba à Benian fut érigée à ses ennemis.» «Robba la guerrière, mais surtout la religieuse, est ce que fut la Kahina pour la région des Aurès et plus récemment Fatma n'Soumer pour la Kabylie», estime pour sa part Fekih Benaouda, journaliste à la Chaîne III de la Radio nationale.
Au même titre que les sites historiques de Timgad, Kalaât Beni Hamad, les ruines de Tipasa, la vallée du M'zab et Djemila, cette cité doit être protégée. Aujourd'hui, elle est livrée aux aléas de la nature et à l'ignorance des hommes. Le site abandonné est livré au pillage continuel des visiteurs avertis. C'est une partie de l'Algérie antique qui s'estompe au fil des ans. A l'ouest et au nord, une grande partie a été engloutie par l'extension de la ville de Benian. Selon le docteur Reffas, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, avait, dans une lettre qui lui a été adressée le 4 mai 2009 (Réf : 573/SM/MC), promis d'envoyer sur site une commission pour entreprendre des recherches historiques. «(…) J'ai instruit les services concernés du ministère de la Culture d'envoyer une mission à Benian et Sfisef pour des investigations sur le terrain, de faire entreprendre une recherche historique afin de préparer un dossier de classement du site de lalla Robba et de sa basilique», peut-on lire dans cette lettre. Quatre années après, Benian attend toujours de voir ladite commission entamer ses travaux…


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