Les luttes intestines qui minaient le Syndicat national des travailleurs de l'éducation se sont révélées hier au grand jour à l'occasion d'une tentative d'organiser un congrès national programmé par le président Boudjenah. Ce syndicat autonome créé en 1998 et agréé en 2000 est actuellement l'otage d'une bataille sans merci de leadership. Le congrès prévu par Boudjenah a été empêché par le groupe de Benoui en recourant à la force publique. La version du premier situe la genèse du problème en 2001 où Dridi, alors président du SNTE, avait fait l'objet d'une plainte déposée par Benoui. Selon Boudjenah, ce dernier a pris les rênes du syndicat lors d'un congrès extraordinaire après le retrait de confiance à Dridi. En mars 2003, Benoui a été écarté, à son tour, après un retrait de confiance. Trois mois plus tard, Boudjenah prend les commandes du syndicat lors d'un deuxième congrès extraordinaire tenu le 25 juin 2003. Selon ce nouveau président, même Benoui a pris part à ce congrès et cautionné sa direction. Ainsi, Boudjenah se déclare légitimement président du syndicat en s'appuyant sur les résolutions du congrès extraordinaire. Mais voilà que tombe la décision de justice en mai 2004, trois ans après la plainte de Benoui contre Dridi. Le verdict, qui était en faveur de Dridi, a plongé le syndicat dans un labyrinthe organisationnel inédit. En effet, Selouani, du clan de Benoui, estime que le syndicat a remis la présidence à Dridi juste pour appliquer la décision de justice qui a rétabli la légitimité de Dridi. Toutefois, précise Selouani, le mandat de ce dernier a expiré. D'après notre interlocuteur, ni Dridi, ni Benoui, ni Boudjenah ne peuvent, aujourd'hui, se réclamer président du syndicat, parce que la décision de la justice a annulé toutes les directions. Après quoi, poursuit-il, il a été convenu avec Dridi de réunir les membres du bureau national pour dépasser cette impasse. Mais ce dernier a brillé par son absence en laissant le SNTE dans l'incertitude. Selon Selouani, le quorum a été atteint lors de la deuxième réunion où les participants avaient retiré leur confiance à Dridi en tant que président du SNTE et fait appel aux 24 membres fondateurs en vue de se rencontrer le 1er juillet dernier et tracer une perspective pour le syndicat. Pour ce faire, une commission a été créée pour préparer un congrès national qui rassemblera toutes les parties belligérantes. La même commission a décidé de tenir ce congrès à partir de demain et ce jusqu'à vendredi. « Ayant été mis au courant de cette date, Boudjenah a décidé de rassembler ses troupes deux jours avant », remarque Selouani en faisant allusion au congrès avorté de Boudjenah. Tout compte fait, le SNTE se trouve actuellement dans une situation kafkaïenne où les trois personnes qui se disputent la présidence risquent de provoquer la dissolution de l'organisation.