Le ciel de l'espoir n'a pas besoin de poutres. Rencontrés au 14e Salon international du livre d'Alger (SILA), qui s'est clôturé le 6 novembre courant, ils nous ont parlé, certains avec passion, de leur volonté d'aller au-delà des murs. Il y a d'abord Natsu surnom d'origine japonaise qui signifie « été » à l'allure cool mais à la voix timide. Natsu, 28 ans, a décroché le prix du jeune talent au 2e Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda) qui s'est tenu à la mi-octobre à Alger. « Je suis né en été et j'aime cette saison. Petit, j'avais découvert les BD franco-belges, Asterix, Lucky Luck, Tintin et les dessins animés japonais à la télévision. Cela m'a donné envie de faire la même chose. J'ai fait quelque planches pour moi en reprenant les personnages que je voyais à la télévision », raconte-t-il. Il y a deux ans, Natsu a réussi à publier une BD dans le magazine Laabstar. « Je suis passé donc à une phase professionnelle. Si c'est possible, je ne ferais que cela », ajoute-t-il. La nouvelle revue El Bendir, entièrement consacrée à la BD, a publié, en page 70, une planche de Natsu, sous le titre rêveur de Story of my life, l'histoire d'Amel, lycéenne, avec sa grand-mère Baba. « Elle a débarqué chez nous avec la ferme intention de me marier... à mon cousin Zoubir », proteste Amel. De l'humour contemporain et décalé, selon Natsu. Il n'hésite pas à parler de « clash » des traditions ! Aidaoui Mohamed, de son vrai nom, est médecin de formation. Natsu hésite à choisir le métier. « Je n'ai pas encore exercé en tant que généraliste. En attendant de me spécialiser, je me suis dit je continue dans la BD. L'idéal serait de faire les deux en même temps. Si je peux vivre avec la BD, je peux abandonner la médecine. La BD passe avant », confie-t-il. Djamel Bouchenaf, tout aussi jeune que Natsu, rêve, lui aussi, d'une grande carrière de bédeiste. « Depuis mon jeune âge, j'ai toujours été attiré par la BD. C'était un hobby. Le milieu où j'ai grandi ne m'a pas réprimé. On m'a beaucoup aidé », dit-il. Il vient de publier, aux éditions Dalimen, son premier album, Jeloul El Bahri, vendu à 600 DA. Comme Natsu, Djamel Bouchenaf a participé avec des planches au Fibda 2008. Des planches devenues album. « Il faut un effort pour que la BD revienne au devant de la scène. Je vais poursuivre les aventures de Djeloul, donner une suite. Je prends exemple sur Slim qui s'est attaché à un seul personnage ; c'est le plus connu des bédéistes », ajoute Djamel. Yacine Benachenhou s'est, lui, intéressé aux beaux livres. Un autre style d'écriture. Il a repris l'histoire de l'Emir Abdelkader dans une beau livre paru en arabe et en français aux éditions Alpha. « Les traducteurs des anciens écrits de l'Emir sont en majorité décédés. J'ai repris le flambeau et j'ai ajouté de nouvelles sources. J'en ai profité pour insérer des photos, des illustrations et des poèmes de l'Emir, peu connus des Algériens », explique-t-il. Yacine Benachenhou a fait un travail sur la langue : « J'ai modifié certains termes pour qu'ils soient plus compréhensibles. J'ai fait en sorte que tout soit accessible et que les jeunes y trouvent une partie de leur propre histoire. » El Khir Chouar, journaliste et écrivain, s'est lui lancé dans l'aventure du petit format 11 sur 11 des éditions El Beyt en y publiant une nouvelle, Hikayatou Bani Lissan. « C'est une petite histoire inspirée de la légende populaire racontée par le grand voyageur Ibn Battouta. Une histoire du passé qui a un prolongement dans la vie moderne », dit-il avec passion. El Khir Chouar a déjà publié deux recueils de nouvelles, Mat el ichkou (L'amour est mort) et Zaman el bouqaa (Le temps des pleurs), et un roman, Hourouf el ghaba (Les mots de la forêt), parus aux éditions El Ikhtilef. Il soutient le petit format imaginé par les éditions El Beyt que dirige le jeune Boubakr Zemmal. « C'est l'époque de la rapidité. Les gens fuient les ouvrages volumineux. Ce petit format est une idée sympathique qui permet au livre d'être plus présent dans le vécu de tous. Un poème, une nouvelle faciles à lire. C'est un autre moyen de promouvoir le livre et la lecture. On garde avec plaisir ce type de livre grâce à sa forme esthétique », dit-il. Enfin, au chapitre découvertes, il y a ce premier roman du jeune Samir Kacimi, paru aux éditions El Ikhtilef à Alger et à Arab Scientific Publishers à Beyrouth. Belle journée pour mourir, un titre poétique, est un roman qui revient sur le suicide. « Ai-je peur ? », se demande cet homme qui se lance dans le vide et qui sent que le temps se prolonge. Nous reviendrons dans nos prochaines éditions sur ce roman qui suscite beaucoup de discussions actuellement.