Aujourd'hui, on célèbre, partout à travers le monde, le 20e anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Depuis des semaines, la planète entière se prépare à la grande kermesse dans laquelle les grands médias ne seront pas en reste, on nous promet une commémoration mémorable à la hauteur de ce que les Occidentaux ont qualifié de mur de la « honte » qui partageait depuis les années 1960 la ville de Berlin en deux. Le 9 novembre 1989 devait marquer pour les Berlinois d'abord, enfin réunis, la victoire du camp de la liberté et pour tous les autres, le début sans doute d'une nouvelle ère qui verra la dislocation du camp socialiste. Mais pour un mur tombé, il y a 20 ans sous la poussée populaire avec la bénédiction des réformateurs qui n'étaient pas forcément là où on s'attendait à les voir, combien d'autres murs ont été érigés depuis contre précisément la liberté et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, oubliés par les médias, par la communauté internationale dans les instances onusiennes et régionales. Hasard du calendrier et coïncidence, il y a 34 ans, le peuple du Sahara occidental assistait à l'invasion de son territoire par les troupes marocaines. Une occupation au mépris du droit international, une décolonisation entravée et aussitôt accompagnée, après quelques années de résistance du peuple sahraoui contre l'envahisseur marocain, par l'édification d'un mur dit de sécurité, de plus de 2000 km, autour de la partie dite « utile » du territoire du Sahara occidental, véritable prison dans laquelle plusieurs centaines de milliers de Sahraouis étaient surveillés par autant sinon plus de Marocains… L'expérience marocaine de ce mur fortifié et équipé de moyens militaires des plus sophistiqués, destiné à protéger les troupes royales contre les attaques meurtrières du Front Polisario, n'a pas manqué d'inspirer quelques années plus tard, à des milliers de kilomètres du Sahara occidental, les Israéliens, confrontés eux à l'intifadha des Palestiniens et des attaques « kamikazes », menée en plein cœur d'Israël. Ce mur honteusement qualifié par ses promoteurs de « barrière de sécurité » est en soi un scandale édifié au prix d'expropriation illégale et de répressions des Palestiniens, bafoués dans leur droit le plus élémentaire à l'existence par les militaires israéliens. Là aussi, les médias du monde entier n'ont rendu que très peu compte du triste sort auquel sont confrontés les Palestiniens et des exactions qu'ils subissent de part et d'autre de ce mur. Que dire alors de cette palissade dont l'initiative revient à G. W. Bush, érigée le long de la frontière avec le Mexique pour, dit-on, lutter contre l'immigration clandestine ! La chute du Mur de Berlin, il y a 20 ans, ne doit pas nous faire oublier qu'il existe encore aujourd'hui des murs de la « honte » à travers le monde érigés contre la liberté des peuples et pour se protéger de leur « misère envahissante ». Autant de murs qui doivent eux aussi tomber.