L'Iran joue les prolongations ! Après l'expiration, le 30 octobre dernier, du délai imparti pour la réponse de Téhéran à la proposition de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) portant enrichissement de son uranium à l'étranger, la République islamique veut encore négocier. Elle le fait savoir à travers son guide suprême l'ayatollah Ali Khameneï qui, dans un discours prononcé hier, a vertement critiqué la nouvelle Administration américaine qui, selon lui, n'a montré aucun signe de changement. « L'approche américaine envers l'Iran, a-t-il déclaré, contredit le slogan de changement de sa politique. » « D'une part, les Américains parlent de négociations, et d'autre part, ils continuent de menacer. » Cela est pour le guide suprême « inacceptable », a-t-il ajouté, avant de menacer : « Si quiconque compte violer les droits de la nation iranienne, la nation s'y opposera fermement. » C'est la première fois que le numéro 1 du régime iranien use d'un ton aussi virulent envers l'Administration Obama. L'Occident agacé Le président américain avait envoyé, en mars, à l'occasion du nouvel an iranien, un message au peuple et aux dirigeants de la République islamique proposant de tourner une page dans les relations entre les deux pays, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis l'occupation de l'ambassade américaine à Téhéran, il y a tout juste 30 ans. L'Iran a donné, faut-il le rappeler, son accord oral à la proposition de l'AIEA, avant que le gouvernement d'Ahmadinejad ne demande au groupe des Six (Russie-USA- France-Chine-Grande-Bretagne-Allemagne) de s'asseoir autour d'une table pour discuter et compléter l'accord. Téhéran évoque la nécessité d'apporter quelques précisions d'ordre technique et économique. Autrement dit, la République islamique veut s'assurer que la livraison du combustible se fera et dans les délais. Mais Téhéran préfère patienter pour voir plus clair après avoir un temps manifesté sa volonté de coopérer. Cette stratégie semble agacer Washington qui refuse toute révision de l'accord. « C'est un tournant pour l'Iran. » « Nous pressons l'Iran d'accepter la proposition (...) qu'ils ont acceptée en principe », a déclaré la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. « La pleine acceptation de cette proposition que nous avons avancée, sur laquelle nous sommes unis, serait une bonne indication que l'Iran ne veut pas être isolé et veut coopérer », a-t-elle ajouté. Aucune concession donc ! A la pression américaine s'ajoute celle des Russes et des Britanniques. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue britannique, David Miliband, en visite en Russie, ont en effet appelé l'Iran à répondre « sans délai » au projet d'accord qui lui a été soumis. Selon les termes de cet accord, l'Iran ferait enrichir à l'étranger 75% de son uranium pour obtenir du combustible pour son réacteur de recherche. L'objectif des pays occidentaux est de mettre entre des « mains sûres » l'uranium iranien afin qu'il ne soit pas utilisé à des fins autres que civiles. Mais la volonté des Iraniens à gagner du temps n'est pas du goût des puissances occidentales. L'Iran finira-t-il par céder ? On le saura bientôt…