Alors que les observateurs pensaient que la crise du nucléaire iranien était sur le point d'être dénouée après la réunion de Vienne avec les Etats-Unis, la Russie et la France, voilà qu'elle se durcit à nouveau avec l'attitude de défi adoptée depuis quelques jours par l'Iran qui veut continuer l'enrichissement de son uranium. Tout semble indiquer que c'est le retour à la case départ dans cette crise du nucléaire iranien après les dernières déclarations du responsable du dossier nucléaire de Téhéran, Ali Asghar Soltanieh, qui a affirmé : “L'Iran va continuer à exercer son droit à l'usage pacifique de l'énergie nucléaire, y compris l'enrichissement d'uranium.” Ainsi, l'Iran maintient une attitude de défi sur son programme nucléaire controversé, se disant déterminé à poursuivre ses activités d'enrichissement d'uranium, malgré un rapport critique de l'AIEA et l'accumulation des pressions de Washington, mais aussi Pékin et Moscou. Il faut savoir que la question de l'enrichissement est au centre du bras de fer entre l'Iran et les puissances du groupe des Six (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne) qui redoutent que Téhéran ne l'utilise à des fins militaires même s'il le nie. Selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran a produit jusque-là 1 763 kilos d'uranium faiblement enrichi. En guise de compromis et afin d'apaiser les inquiétudes internationales, l'AIEA a proposé, le 21 octobre, le transfert par l'Iran d'une grande partie de son uranium faiblement enrichi (3,5%) en Russie pour y être enrichi davantage avant de le transformer en France en combustible pour son réacteur de recherche à Téhéran. Une solution intermédiaire évoquée est que l'Iran envoie son uranium enrichi pour stockage en Turquie. Mais Téhéran n'a toujours pas donné une réponse claire à l'offre de l'AIEA en réclamant plus de négociations, le débat semblant se focaliser sur le volume d'uranium que l'Iran transférerait et les garanties qu'il sera rendu à Téhéran. Des responsables et médias iraniens ont évoqué l'idée que l'échange se fasse en deux étapes et avec une quantité moins importante d'uranium iranien enrichi à 3,5% qui serait transférée à l'étranger. Certains parlent de l'envoi de 400 ou 800 kilos, en deux étapes, pour obtenir environ 120 kilos de combustible enrichi à 20%. “S'il y a un accord dans ce domaine, nous prendrons d'abord le combustible à 20% et enverrons ensuite l'uranium enrichi à 3,5%”, a déclaré Parviz Davoudi, ancien premier vice-président et conseiller suprême du président Mahmoud Ahmadinejad, cité par la presse. Une telle solution est rejetée par des grandes puissances agacées par l'absence de réponse formelle iranienne à l'offre de l'AIEA. Les menaces de nouvelles sanctions contre Téhéran sont de nouveau d'actualité. Hier encore, le président américain Barack Obama, en visite à Pékin, et son homologue chinois Hu Jintao, ont appelé l'Iran à “répondre positivement à la proposition” de l'AIEA, estimant que Téhéran devrait assumer “les conséquences” d'un blocage. “Nous sommes tombés d'accord sur le fait que la République islamique d'Iran doit fournir des assurances à la communauté internationale selon lesquelles son programme nucléaire est pacifique et transparent”, a dit M. Obama.