La nuit d'hier a été longue et agitée pour les quelque 70 enseignants contractuels qui ont décidé de prolonger le sit-in organisé mardi, et ce, en passant la nuit devant la présidence de la République et le ministère de l'Education nationale. Durant la journée, les forces de l'ordre n'ont pas ménagé les protestataires avec un passage à tabac en règle, « mais à partir de 20h, la situation a empiré, et ils ont été encore plus violents », raconte Meriem Maârouf, présidente et porte-parole du Conseil national des enseignants contractuels CNEC. Usant de la force pour disperser la foule assise à même le sol, « les policiers n'ont pas hésité à nous abreuver d'insultes et d'insanités. Ils frappaient à tout-va et aveuglement, et ce, sans faire de distinction entre les hommes et les femmes », s'insurge Mme Maârouf. Par la suite, selon les témoignages, des fourgons de police ainsi qu'un bus ont été dépêchés sur les lieux. « Là, ils ont, toujours en nous agressant, séparé les enseignants des enseignantes », affirme la présidente du CNEC, poursuivant : « Le pire des traitements a été réservé aux enseignants. Tabassés, ils ont été jetés dans les fourgons comme de vulgaires délinquants. Les éléments de sécurité les ont même menacés de passer la nuit en prison pour être présentés devant le procureur. » Sous le coup de l'émotion, et sous les coups de poing et de matraque, l'un d'eux a même perdu connaissance, sans gravité toutefois. Mais les brutalités ne cessent pas pour autant, comme l'assure Mme Maârouf : « Lorsqu'ils les ont tous ‘ramassés', ils les ont divisés en petits groupes, et les ont menés dans différents commissariats. Comme de dangereux criminels, ces enseignants ont été pris en photo, et interrogés des heures durant. Ce n'est qu'à 3h qu'ils ont été relâchés. » Les femmes n'ont pas été épargnées par cette répression. « Les policiers nous ont ordonné de monter dans le bus. Celles qui ont osé contester se sont vu empoignées et soulevées sans ménagement par plusieurs agents et jetées avec force dans le véhicule. » Parmi ces enseignantes, il y avait trois femmes enceintes, que les forces de l'ordre ont traitées de la même manière. « L'une d'elles a même reçu un coup au ventre, et a dû être évacuée à l'hôpital », s'insurge Mme Maârouf. Lorsque toutes les manifestantes ont été « rassemblées » de force dans le bus, elles ont été conduites, vers 21h, au siège du CNEC. Ce dernier, dans un communiqué rendu public hier, s'élève contre « ces traitements contraires aux droits de l'homme, ainsi qu'à l'exercice libre de nos droits syndicaux », ne se laissant toutefois pas démonter, puisque « le CNEC, ainsi que les autres grévistes continueront nos mouvements de contestations, et ce, coûte que coûte ».