Spécialiste des questions stratégiques, Lionel Vairon reconnaît les effets pervers de l'économie chinoise sur les pays de l'Afrique. « Il existe des effets pervers de la présence chinoise en Afrique, notamment sur les petites et moyennes entreprises », a-t-il affirmé, hier, lors d'une conférence-débat sur le thème « La place et du rôle des pays émergents dans l'ordre mondial en gestation » organisée à Alger par l'Institut national des études de stratégie globale. Le conférencier ne s'est pas pour autant étalé sur ces dommages collatéraux. Les pays occidentaux reprochent aux responsables chinois plusieurs griefs. Il s'agit surtout de produits chinois submergeant le marché africain au détriment du développement des industries locales, du non-respect des critères internationaux du travail à travers l'exportation en Afrique d'une main-d'œuvre nombreuse, doublés d'un salaire trop bas pour les travailleurs locaux et de l'octroi d'importants prêts aux Etats africains, ce qui va à l'encontre des efforts déployés par la communauté internationale pour l'allégement de leur dette. M. Vairon s'est contenté de dire que la Chine ne représente pas pour autant « un danger » pour les pays africains. D'après lui, il est du ressort des pays africains de « réagir » afin de poser les termes d'une saine coopération bilatérale. A ce titre, il souligne que la mondialisation impose aux pays du contient noir de travailler avec la Chine. Par ailleurs, le conférencier est revenu sur les raisons ayant été à l'origine de la naissance de la Chine en tant que puissance globale. Il a cité l'organisation des Jeux olympiques en Chine, la guerre russo- géorgienne et l'effondrement de Wall Street comme prélude à l'émergence de nouvelles puissances économiques, à savoir le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine (BRIC). Parmi ce gotha, la Chine se distingue en accédant au rang de puissance globale. « Etre une puissance économique ne veut pas forcement dire être une puissance globale », explique-t-il. Selon ses dires, l'Inde souffre de handicaps structurels et de pression démographique alors que le Brésil demeure une puissance régionale, marqué par « un mépris social » de sa population. S'agissant de la Russie, celle-ci peine à devenir une puissance globale, a-t-il précisé, occupée à « préserver ses intérêts » sans apporter « un projet d'avenir ».