Quatre conventions-cadres dans les domaines économique, technique et dans le secteur des travaux publics ont été signées hier entre les gouvernements algérien et chinois. Invasion ou offensive économique chinoise en Algérie? Peu importe, Alger vit à l'heure de Pékin. Les Chinois ne cessent de marquer leur forte présence en Algérie. Tous secteurs confondus. Les gouvernements des deux pays multiplient les opportunités de coopération: tant sur le plan économique que politique. Le volet économique d'abord. Pas moins de quatre conventions-cadres de coopération ont été paraphées, hier, entre les deux gouvernements à la résidence Al-Mithaq, à Alger. Le premier accord porte sur l'échange de lettres quant à l'envoi d'experts chinois en Algérie pour étude et réalisation d'un opéra à Alger. Le second concerne un protocole d'accord économique et technique. Les deux conventions ont été signées par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, M.Madjid Bouguerra, et l'adjoint du ministre du Commerce chinois, M.Wel Jiangu. Le troisième accord porte sur un procès-verbal de réception, signé par M.Bouguerra et l'adjoint du ministre permanent du secteur de la Communication au comité central du Parti communiste chinois, M.Jibin Gxuan. Le dernier accord est relatif à la réalisation d'un Institut supérieur pour la gestion des grands projets du secteur des travaux publics, d'un montant global de 10 millions d'euros. L'accord a été signé par M.Kheladi, directeur du programme neuf, et le DG du groupement chinois Cetic-Crcc, chargé de la réalisation du tronçon Centre et Ouest de l'autoroute Est-Ouest, M.Hua Donjy. Le ministre des Travaux publics, M.Amar Ghoul, a annoncé samedi que l'Isggp, qui aura une dimension africaine, s'inscrit dans le cadre des mesures d'accompagnement pour la réalisation de l'autoroute Est-Ouest. Des spécialistes et des experts en aménagement des routes, des autoroutes, des infrastructures maritimes et des aéroports, nationaux et internationaux, seront formés dans cet établissement. Ne s'arrêtant pas là, le groupe Cetic envisage de diversifier ses activités en Algérie à travers plusieurs projets d'investissements. Cet investisseur reste toujours à l'affût de nouvelles opportunités. M.Chang Zhenming président-directeur général des groupes chinois Cetic-Crcc, a rencontré plusieurs ministres algériens. Il s'agit notamment de Amar Ghoul, Chakib Khelil et Hamid Temmar, respectivement ministres des Travaux publics, de l'Energie et des Mines et de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Questionné par L'Expression sur ce sujet, M.Zhenming a répondu que son groupe manifeste un grand intérêt pour diversifier ses activités en Algérie. «Notre attention porte sur le développement de plusieurs segments. Nous sommes prêts à investir dans le secteur de l'énergie, des ressources hydriques, des matériaux de construction, production du ciment notamment, montage des équipements des travaux publics, construction des cités en métallique ainsi que la valorisation des mines et la réalisation de grands ensembles», a ajouté la même source à L'Expression, hier en marge de la signature desdits accords. Et de rajouter que son groupe investira dans le transfert des technologies. «Actuellement notre personnel est composé d'une moitié chinoise et l'autre algérienne. Nous voulons mettre notre savoir-faire au profit des Algériens. D'ailleurs, nous pensons augmenter le nombre de travailleurs algériens au sein de notre groupe», a-t-il dit encore. Interrogé sur le coût global des investissements du groupe, M.Zhenming rétorque: «Nous n'avons pas de chiffre exact, mais nous sommes prêts à mettre le paquet». Dernièrement, le même interlocuteur avait affirmé que le groupe projette d'investir pas moins de 30 milliards de dollars dans ces différents projets. La présence chinoise ne se limite pas à la présence de cette entreprise. Au total, le pays compte près d'une trentaine de groupes chinois dans le BTP, dont le géant public China State Construction & Engineering Corporation (Cscec). Elle ne se limite pas, non plus, au bâtiment et aux travaux publics. Elle va du commerce (textiles, électroménager...) à l'automobile, en passant par les nouvelles technologies de l'information, la coopération énergétique ou encore la santé. Dans le marché de l'automobile, l'Algérie est devenue le deuxième plus grand marché de la Chine en Afrique après l'Afrique du Sud. Selon les chiffres officiels rendus publics récemment, sur environ 25.000 travailleurs étrangers exerçant en Algérie, plus de 45% sont chinois. Sur le volet politique, la relation entre les deux pays se traduit, notamment par les échanges de visites entre les hommes politiques des deux pays. Le président Bouteflika a effectué deux visites d'Etat en Chine. Ces déplacements présidentiels traduisent l'intensification de la concertation politique algéro-chinoise en vue de la concrétisation d'un partenariat stratégique entre l'Algérie et la Chine s'étendant à tous les niveaux. Avant-hier, un membre du comité permanent du bureau politique du comité central du Parti communiste chinois s'est rendu en Algérie. M.Li Changchun a été reçu par Abdelaziz Belkhadem secrétaire général du FLN, néanmoins, chef du gouvernement. M.Changchun a dit qu'il comptait échanger, lors de cette visite, des points de vue avec les autorités algériennes sur les moyens de renforcer l'amitié traditionnelle et la coopération économique et commerciale, la mise en oeuvre des décisions adoptées lors du Forum de la coopération sino-africaine de Pékin et les questions internationales et régionales d'intérêt commun.
