Le «business» entre l'Algérie et le Maroc dépasse l'entendement ! Business en tous genres, non seulement le carburant, mais aussi les ovins, les médicaments, les produits alimentaires d'importation, plus récemment les produits fabriqués en Algérie, les matériaux de construction, etc. A Oujda, on pouvait acheter un comprimé d'aspirine (venant d'Algérie) à la Joutra, un souk comme le souk d'El Harrach. Je parle ici des années 1960 et 1970. La Joutra a été déplacée, mais la vente des comprimés d'aspirine et autres médicaments continue. Le directeur de la SAP (une branche de l'OAIC) à Nédroma, wilaya de Tlemcen, qui était un ami me disait déjà, dans les années 1970, que la consommation de blé entre autres, avait quintuplé brusquement sans aucune relation avec le nombre de la population ! Du temps où l'Algérie importait du lait en poudre Lahda, il y en avait évidemment dans toutes les rues d'Oujda, Ahfir, Berkane, etc. Il y en avait même à Fès, Tétouan et Agadir ! En 1981, j'ai pu aller au Maroc par route. A Oujda, j'ai visité un souk près de la place du Maroc, appelé «Souk Boumediène». Dans ce marché, on ne vendait que des produits alimentaires provenant d'Algérie, produits d'importation évidemment : Lahda, sucre, café, semoule, farine, pruneaux, abricots etc.J'étais surpris de trouver de la grosse semoule dans ce marché, alors qu'à Alger, elle était introuvable ! Dans les Angads, zone frontalière entre Oujda et Ahfir, les camions et voitures viennent faire le plein de mazout et d'essence. Toutes les vieilles voitures (Mercedes et autres Renault) sont concentrées dans les régions frontalières et munies de 2 réservoirs ! Dans les années 1970, Sonatrach a équipé les Land Rovers d'un second réservoir avec en plus, des jerricanes, ce qui permettait aux géologues, qui exploraient le Sahara, d'avoir une autonomie d'une à deux semaines. Pourquoi permettre à des voitures légères d'avoir deux réservoirs dans une région habitée, où les stations d'essence pullulent ? Des convois d'ânes chargés de jerricanes ou de produits alimentaires sont dressés pour traverser la frontière et faire l'aller retour sans problème. Les Marocains, qui résident prés de la frontière, consomment quotidiennement notre baguette de pain et notre sachet de lait. Je me suis laissé dire que des camions citernes et des semi-remorques chargés de produits alimentaires et de construction, traversent la frontière et reviennent avec du kif et des bouteilles d'alcool frelaté. Savez-vous que notre carburant est disponible dans la région de Fès, c'est-à-dire à plus de 350 km à l'ouest de la frontière algèro/marocaine. Il y a une vingtaine d'années environ, un ami oujdi me disait, qu'Oujda vivait aux dépens de l'Algérie. Nous avons un consulat à Oujda. N'est-ce pas son rôle de signaler ce trafic de carburant et de produits alimentaires à ses supérieurs ? Ainsi donc, depuis 50 ans que notre carburant et nos produits alimentaires, que nous importons et payons en devises, traversent frauduleusement nos frontières par les hallaba et autres, et ce n'est qu'en 2013 que nos gouvernants s'aperçoivent de ce trafic énorme ! Ce n'est qu'au milieu de l'année 2013, que le wali de Tlemcen (suivi peu de temps après par celui de Tarf) s'aperçoit de la contrebande du carburant vers le Maroc, sans souffler mot sur celle des produits alimentaires et de matériaux de construction, et prend des mesures inefficaces à mon sens, car elles ne seront pas respectées au niveau des pompistes. Enfin, au journal télévisé du 14 juillet 2013, le ministre de l'Intérieur nous révèle que 25% de notre carburant alimentent illicitement nos voisins du Maroc, Tunisie, Mauritanie, Mali et Niger, mais n'a pas parlé des autres produits. Dieu soit loué ! Notre gouvernement sait maintenant qu'il y a un trafic de carburant. Ce n'est pas trop tôt ! Conséquences de ce trafic sur l'Algérie Des milliards de dollars qui auraient servi à financer des projets en Algérie, donc à créer des emplois, partent enrichir les pays voisins. Notre pays est inondé de drogue provenant du Maroc. Dans les années 1980, on parlait de dizaines de kilos, depuis quelques années, l'on parle de quintaux, sinon de tonnes de kif ! La région Nédroma/Ghazaouet était réputée pour ses petits-pois «Latcha», ses pois chiches et ses amandes effilées qui étaient utilisés, entre autres, pour fabriquer les belles dragées. L'agriculture a été abandonnée au profit de la contrebande avec le Maroc.
La vérité des prix Comment arrêter ce trafic ou tout au moins le limiter ? Le wali de Tlemcen a limité la vente de carburant à 500 DA à la station d'essence. D'une part, je doute fort que cette restriction soit respectée, et d'autre part, comment arrêter ou tout au moins limiter le trafic des ovins, des produits alimentaires et autres. Cessons de faire de la démagogie et prenons des mesures efficaces. Cessons les subventions dont l'argent servira à créer des usines, donc des emplois et faisons en sorte que les prix des carburants et des produits alimentaires soient à peu près au même niveau que ceux des pays voisins, mais d'une façon graduelle et échelonnée dans le temps. Mais en même temps, j'augmenterai substantiellement le SNMG, les salaires et les retraites et je penserai à la meilleure façon d'aider les pauvres et les déshérités.