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« L'art doit transcender les époques »
Caya Makhélé. Ecrivain et directeur des éditions Acoria
Publié dans El Watan le 22 - 11 - 2009

Dramaturge, nouvelliste, auteur de livres pour enfants, éditeur, metteur en scène, Caya Makhélé est également à la fois directeur des éditions Acoria à Paris, délégué général adjoint et représentant international du Festival international du film de Brazzaville, directeur des Rencontres littéraires Afrique–Caraïbes–Maghreb de Châtenay-Malabry, et Commissaire du Salon du livre Châtenay-Malabry Terre d'écrivains. A l'issue du colloque international qui se tient à Alger sur les mythes ancestraux dans la littérature africaine, Caya Makhélé a eu l'amabilité de répondre à nos questions.
Après votre participation au Salon international du livre de jeunesse, au Festival panafricain et au Salon international du livre d'Alger, vous revoilà à Alger, pour un important colloque sur la littérature africaine...
Je pense qu'Alger est aujourd'hui le lieu où se construit une nouvelle vision du continent et qu'il faut y être pour comprendre ce qui s'y construit. Le pays est, à l'image du reste du continent, en quête d'une renaissance. D'autre part, je pense que la place faite au livre en Algérie est l'exemple d'une lucidité ouverte sur l'avenir. Ma présence est aussi la preuve de l'instauration de ce qu'on appelle désormais « l'esprit panaf », c'est-à-dire, la capacité que l'on se donne de ne pas laisser tomber les projets novateurs et constructifs qui incarnent la volonté d'un continent de s'en sortir tout en étant uni. Le chemin est long vers une réalisation sans accrocs de cet idéal, mais il ne faut justement pas baisser les bras à la moindre difficulté ou à la moindre critique.
Pourriez-vous nous donner les grandes lignes de votre conférence portant sur la théâtralité du mythe dans les dramaturgies africaines contemporaines ?
En m'appuyant sur des exemples concrets et en visitant des dramaturges de notre époque, je tente de montrer que les mythes, qu'ils viennent d'Afrique ou d'autres ères culturelles, lorsqu'ils sont repensés par ces dramaturges, c'est afin d'expliciter le monde dans lequel ils vivent. Ainsi, en interrogeant les drames et les espoirs du passé, en montrant que l'être humain est, à travers les siècles, toujours en quête d'un idéal de liberté, de paix et de prospérité, ces dramaturges éclairent la condition humaine en soi. Ce qui particularise chaque dramaturge c'est son style et le cadre dramaturgique dans lequel il restitue le mythe, mais les enjeux sont communs, car issus des mêmes aspirations.
Quelle est l'importance des mythes dans la littérature africaine ?
Les mythes ont un rôle cathartique évident. Il faut également savoir que nos littératures ont vécu, et pour certains encore aujourd'hui, des censures obscurantistes. Le mythe a donc souvent servi à déjouer la bêtise des censeurs, pour offrir une métaphore critique de nos sociétés qui ne sont pas souvent égalitaires. Ainsi, cette littérature puisant dans ses mythes se reconstruit une identité niée par le colonisateur, puis par ses propres fils au moment des Indépendances, pour s'ouvrir au monde comme une culture en mouvement.
Comment expliquez-vous le fait que l'artiste africain ait tendance à faire sienne l'expression dramatique en lui insufflant sa propre vision du monde, l'adaptant à ses usages et coutumes, mais préférant la faire évoluer vers des terres inconnues ?
Pour des raisons évidentes. L'art doit transcender les époques, les vécus et la quotidienneté. Les grandes œuvres théâtrales portent la vision du monde de l'auteur qui va se confronter ou épouser celle du metteur en scène. Le résultat de cette rencontre-confrontation est ensuite donné à voir par des comédiens au public, public constitué d'individus, qui, eux-mêmes, sont porteurs de vécus différents. Aussi, pour créer un déclic réel dans chaque conscience, les dramaturges vont vers ce que vous nommez les « terres inconnues », car c'est en observant les autres que l'on se découvre soi-même.
Peut-on affirmer, aujourd'hui, que les dramaturges africains introduisent dans la sphère francophone des approches dramaturgiques qui interrogent les écritures contemporaines ?
Sans aucun doute. De Kateb Yacine à Sony Labou Tansi en passant par Arezki Mélal ou Koffi Kwahulé, ce sont des écritures qui ont bouleversé les regards dramaturgiques francophones. Lorsque Marie Ndiaye est inscrite au répertoire de la Comédie française en France, c'est tout le regard de l'Occidental qui s'en trouve chamboulé. Le théâtre contemporain en France (pour ne prendre que ce pays d'Europe comme exemple) est entièrement remodelé par les écritures des dramaturges francophones et anglophones venus d'Afrique. Cela s'explique par le fait que ces auteurs sont multiculturels et qu'ils se posent encore aujourd'hui des questions essentielles à l'équilibre des sociétés et de l'être humain. Le théâtre, c'est l'art de redonner à l'homme sa place d'être humain, sans la moindre complaisance.
Quel est votre regard sur la problématique de la quête identitaire dans le théâtre africain alors que certains estiment que le théâtre africain d'aujourd'hui est un théâtre désabusé et un théâtre de la désillusion ?
Pour moi, la désillusion fait partie de la quête identitaire. Cette quête peut être prise par tous les bouts possibles, c'est ce que permet le théâtre. Mais à quoi cela sert-il de trouver son identité culturelle, si cela ne s'accompagne pas des droits fondamentaux qui permettent au citoyen d'être en osmose avec lui-même et son espace de vie ? Les dramaturges ne sont pas là pour montrer un monde idéal. Ils usent de tous les artifices : le rire, l'absurde, les larmes, les bons et mauvais aux côtés de l'homme pour lui montrer sa propre bêtise, sa propre honte. De tout cela, naît forcément un espoir, car un peuple qui sait rire de lui-même et qui n'a pas honte de montrer ses blessures est un peuple vivant.


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