Edmonde Charles-Roux, brillante écrivaine et présidente du prix Goncourt, a donné une conférence dimanche dernier au centre culturel français. Lors de cette rencontre littéraire, la conférencière reviendra sur ses œuvres lesquelles ont été dédiées à ces femmes que tout rend suspectes, ces « irrégulières » qui ne se limitent pas aux routes connues, préférant s'aventurer là où personne n'ose le faire. Isabelle Eberhardt et Gabrielle Chanel restent pour Edmonde Charles-Roux deux femmes qui se sont distinguées par rapport à leur époque, souvent parce qu'elles ont osé dire « non ». Plusieurs raisons ont amené notre écrivaine à s'intéresser à ces femmes-là, notamment son enfance qui la conduira vers différentes région de l'Europe, à commencer par Prague où elle verra pour la première fois un maître d'école pleurer, chose qui la marquera à jamais. N'est-ce pas là qu'elle comprendra que la vie n'est pas aussi rose qu'on le croit ? Elle deviendra par la suite elle-même une « irrégulière ». Blessée deux fois durant la deuxième guerre mondiale, elle ne s'est jamais considérée comme une héroïne, préférant s'investir davantage dans la lutte contre l'occupant nazi, et ce au sein du mouvement ouvrier international (MOI) où elle comprendra l'importance des langues étrangères. Elle investira le domaine du journalisme à travers le magazine « Elle » où elle se spécialisera dans les chroniques des chiens écrasés, ce qui ne la dérangera guère. S'ensuivent seize ans dans le magazine « Vogue », qui ne sera plus exclusivement réservé à l'aristocratie internationale de la mode, la dame ayant introduit une touche de littérature et une autre de culture. Une vie riche et pleine de création, une vie à haut risque, une vie d'irrégulière, Edmonde le revendique pleinement à travers ses livres qui mettent la lumière sur de grandes figures de l'Histoire, à l'instar d'Isabelle Eberhardt qui l'a à jamais marquée.