Le niveau de la représentation diplomatique égyptienne en Turquie sera limitée à un chargé d'affaires, a précisé le ministère. Ces décisions ont été prises en raison des déclarations du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a affirmé n'avoir «aucun respect pour ceux qui ont amené» le président islamiste, Mohamed Morsi, «devant la justice». Référence au procès ouvert contre ce dernier le 4 novembre pour «incitation au meurtre» de manifestants en décembre 2012 devant le palais présidentiel. Des propos qui constituent «une ingérence inacceptable dans les affaires internes de l'Egypte et sont une provocation», a déclaré Badr Abdelaty, porte-parole du ministère. Le ministère a accusé la Turquie de «soutenir» des «organisations qui cherchent à créer l'instabilité dans le pays», allusion aux Frères musulmans, et de «dresser la communauté internationale contre les intérêts de l'Egypte». Depuis la destitution de Mohamed Morsi De son côté, Ankara a pris des mesures de réciprocité le même jour. «L'ambassadeur d'Egypte, Abderahman Salaheldin, est déclaré persona non grata, conformément au principe de réciprocité qui est le fondement des relations internationales», a déclaré le ministère dans un communiqué après avoir convoqué le chargé d'affaires égyptien en poste à Ankara. Le ministère a aussi réduit les relations bilatérales avec Le Caire au niveau des chargés d'affaires.Un peu plus tôt dans la journée, le président turc, Abdullah Gül, a tenté d'atténuer la tension en qualifiant la situation de «temporaire et conjoncturelle». Ainsi espère-t-il que «les relations reprendront leur cours». La tension entre le Caire et Ankara est montée depuis la destitution, le 3 juillet, du président Mohamed Morsi annoncée par le ministre de la Défense et chef de l'armée, le général Abdelfattah Al Sissi. Destitution qualifiée par le Premier ministre turc de «coup d'Etat». Alors que les pays occidentaux, à commencer par les Etats-Unis, ont opté pour la prudence. Comme il condamne la dispersion des manifestants pro-Morsi le 14 août, qu'il qualifie de «massacres». Ce qui a irrité Le Caire. Ainsi les deux capitales rappellent leurs ambassadeurs «pour consultation». L'ambassadeur turc a fini par rejoindre son poste début septembre. Son homologue égyptien n'est pas retourné jusque-là à Ankara. A la tête du Parti de la justice et du développement (AKP), une formation islamiste, Recep Tayyip Erdogan accède au poste de Premier ministre en 2003. Nostalgique de l'ancien empire ottoman, il soutient les mouvements de révolte qui se sont déclenchés en 2011 dans quelques pays arabes. Comme il ouvre des négociations avec les Kurdes en vue de mettre fin à un conflit armé qui date des années 1980. Politique qui traduit l'ambition régionale d'Ankara en quête de zones d'influence. D'autant que les négociations avec l'Union européenne (UE) pour l'adhésion d'Ankara à cette organisation tardent à aboutir. L'intervention de la Turquie aux côtés de l'opposition syrienne, son appui à des groupes islamistes radicaux et la répression des manifestations du parc Gezi, au printemps dernier, ont terni l'image dite modérée qu'il renvoie aux Occidentaux, aux pays arabes et à une partie de la population turque.