L'esquive de Abdellatif Kechiche a raflé, avant-hier, la mise en s'appropriant quatre trophées dont ceux très convoités de meilleur film et de meilleur réalisateur au César du cinéma français. Le succès triomphal de ce film, qui a également remporté les prix du meilleur scénario et du meilleur espoir féminin (Sara Forestier), a mis fin aux espoirs des deux films favoris de la soirée : Un long dimanche de fiançailles et Les choristes. L'esquive, réalisé sans quasiment aucune aide, raconte l'histoire de jeunes lycéens de banlieue répétant une pièce de Marivaux. Il s'agissait du deuxième film du cinéaste après La faute à Voltaire. Né à Tunis, Abdellatif Kechiche a fait ses débuts sur les planches dans une adaptation de Garcia Lorca réalisée par Muriel Channey, puis dans une pièce d'Eduardo Manet au Théâtre national de l'Odéon à Paris. La soirée a été marquée par un grand moment d'émotion lorsqu'Isabelle Adjani a tenu à mentionner dans son discours la journaliste Florence Aubenas, « portée disparue depuis 51 jours, mais aussi notamment l'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt. La Nuit des Césars fera, je l'espère, du bruit contre l'oubli », a-t-elle affirmé. « Moi l'Algérienne, moi l'Allemande, moi la Française, je suis obsédée par les relents racistes, antisémites, alors que nous venons de célébrer la commémoration de la libération d'Auschwitz. Nous ne commémorerons jamais assez ce génocide, tous les génocides », a aussi martelé Isabelle Adjani, qui portait une robe rose pâle de style Empire de la maison Emmanuel Ungaro. Parmi les invités à la cérémonie, figuraient, entre autres, l'acteur américain Will Smith, qui a reçu un César d'honneur, tout comme Jacques Dutronc, qui arborait comme à son habitude un cigare et des lunettes de soleil.