«Et je ne l'accuse pas, comme rapporté par certains médias. Je l'ai citée dans mon Mémorandum, comme plusieurs autres d'ailleurs, dans la ‘Chronologie rétrospective de l'historique ZAA' et de la Bataille d'Alger, chacun dans son comportement et j'en ai le droit, en tant que commandant politico-militaire de cette même ZAA. Que l'on revienne alors à mon écrit qui est un document officiel et authentique», souligne-t-il dans cette «mise au point». Or, ce n'est pas dans «le document officiel» que Yacef Saâdi a attaqué Zohra Drif mais bien dans la discussion qu'il a eue avec les journalistes, invités chez lui à Alger le 20 janvier 2014, à l'occasion de la célébration de son 86e anniversaire. Les journalistes présents ont tous rapporté les mêmes propos accusateurs contre Zohra Drif. Selon lui, Zohra Drif aurait adressé une lettre à Hassiba Ben Bouali en septembre 1957, au moment où elle était dans une cache à La Casbah d'Alger avec Petit Omar et Ali La Pointe. «C'est une trahison. Zohra avait été arrêtée en même temps que moi. Après une semaine, ils l'ont emmenée dans un autre endroit pour que je ne me rende compte de rien. Pour moi, el harki a plus de valeur qu'elle», a soutenu Yacef Saâdi. D'après ses dires, Zohra Drif aurait ainsi livré Ali La Pointe et ses compagnons à l'armée coloniale française. Pour appuyer cette accusation et comme pour «vider» sa propre «mise au point» de sa substance, Yacef Saâdi a envoyé deux copies de la lettre qu'aurait écrite Zohra Drif à Hassiba Ben Bouali. Des copies tirées du livre Le FLN, documents et histoire, 1954-1962 de Mohamed Harbi et Gilbert Meynier. A la sortie de ce livre en juin 2004 aux éditions Fayard à Paris, le mensuel français Le Monde diplomatique avait écrit : «L'introduction explique en quoi le Front de libération nationale (FLN), devenu objet d'histoire, émanation du patriotisme, est bien un contre-Etat et non une révolution et incarne, après combien de luttes intestines, la victoire sur le joug colonial (…). Cette œuvre ne se résume pas : elle se visite. Vole ainsi en éclats le mythe fondateur du 1er Novembre 1954, dans son aspect d'interprétation unique.» La source des copies des lettres attribuées à Zohra Drif est le SHAT. Le SHAT ? Le Service historique de l'armée de terre, qui se trouve au château de Vincennes, à Paris. L'historienne Malika Korso a soutenu, samedi, au journal El Khabar, avoir trouvé cette «lettre» de Zohra Drif dans une boîte portant la mention : «Guerre psychologique» au château de Vincennes. Un journaliste a insisté auprès de Yacef Saâdi pour dire que «cette lettre pouvait être une fabrication des services secrets français (le IIe Bureau) pour décrédibiliser le combat libérateur du FLN. «Non, non. Il y a son écriture et il y a tout», a répondu Yacef Sâadi. Il a accusé Zohra Drif d'avoir truffé ses mémoires de mensonges (Mémoires d'une combattante de l'ALN, parus aux éditions Chihab en 2013) sans préciser lesquels. Il n'a pas aimé que Zohra Drif l'appelle «El Kho» dans ce livre. Yacef Saâdi, qui prépare ses mémoires, avec l'aide de l'ancien ambassadeur Kamel Bouchama, s'était attaqué en mai 2011 à Louisette Ighilahriz, lui reprochant d'«usurper» sa qualité de moujahida. Elle lui avait alors lancé, en public, un défi : «Je demande à Yacef Saâdi, s'il est un homme, dhargaz, de démissionner de son poste de sénateur afin que l'immunité parlementaire soit levée. Yacef, ne te caches pas et viens me parler en face.» Yacef Saâdi n'a pas répondu à cet appel…