Préoccupations n Cela fait plusieurs années que les agriculteurs n'ont pas fait face à une telle situation, à savoir un retard très significatif des précipitations. «Malgré le retard des précipitations, la saison agricole n'est pas compromise», a rassuré, récemment, le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, avant d'ajouter que l'absence de pluie «n'affectera pas la récolte agricole de la saison prochaine» et de préciser que «les ressources hydriques actuelles sont suffisantes». Ce n'est pas du tout l'avis des agriculteurs pour qui les rendements seraient déjà compromis par ce manque d'eau dans certaines régions du pays, notamment la riche plaine de la Mitidja, au sud d'Alger. Pour les fellahs, même si les premières précipitations prévues pour les jours à venir apaisent un peu leur inquiétude, le mal est déjà fait pour la campagne labours-semailles qui devait commencer en octobre. «Si pour le moment rien n'inspire l'inquiétude pour les importantes plantations arboricoles et des nombreux vergers après la baisse des températures ces derniers jours, ce n'est pas le cas pour les céréales qui n'ont pas bénéficié des premières pluies d'octobre», explique un fellah d'Ouled Fayet. Pour les agriculteurs, le mois d'octobre est généralement le début de la campagne agricole. Cette année, leurs craintes sont très sérieuses. «Tout dépend du ciel même pour l'irrigation. Il faut qu'on trouve de l'eau pour arroser nos terres. La pluie est la seule source pour reconstituer les réserves naturelles et superficielles et continuer à satisfaire les besoins de l'irrigation», explique Mouloud, également fellah à Ouled Fayet, qui a l'habitude de planter ses pommes de terre au mois d'octobre, mais qui a laissé, cette année, ses 10 hectares en «jachère forcée». «Rien n'est sûr pour le moment. Je ne peux pas m'aventurer à gaspiller plus de 100 millions de centimes alors que la terre est toujours sèche. La pomme de terre a besoin d'un sol humide. Nous avions l'habitude de trouver le sol trempé dès le début du mois d'octobre.» Mouloud n'a cultivé pour le moment que quelques lopins de terre. «Question de survie financière, pour moi et mes associés», nous a-t-il dit. La nappe phréatique reste donc la seule solution pour le moment. Mais les ressources souterraines sont également faibles et utilisées pour les besoins de l'alimentation en eau potable des zones urbaines. «Elles sont illicitement exploitées. Le forage sauvage, réalisé par des investisseurs syriens et égyptiens, avec la complicité des fellahs, les a toutes épuisées», fait-il remarquer. En tout cas, les pluies tombées, hier, mercredi, redonnent aux fellahs un grand espoir de pouvoir arroser les vastes étendues céréalières et fruitières. «Le retour des pluies nous permettra également de maintenir nos prévisions», conclut un fellah.