L'interdiction de la construction des minarets en Suisse est-elle un signe que les démons de l'islamophobie se réveillent en Europe ? C'est plus que les démons de l'islamophobie, c'est de la misislamie (pardon pour le néologisme), mais c'est de la haine de l'islam qu'il s'agit et non plus de la peur pathologique. En tous cas, un vent d'intolérance souffle sur la Suisse. N'est-ce pas une atteinte à la liberté de conscience consacrée du reste par la constitution suisse ? Absolument. C'est, en effet, une atteinte grave à la liberté de conscience et au libre exercice d'un culte. Faut-il interdire également les clochers des églises... ? Non, je ne le pense pas, d'autant plus que le minaret n'est pas une exigence théologique ni architecturale. Ce n'est qu'un emprunt tardif aux Byzantins à travers l'histoire. Nombreuses sont les mosquées qui n'ont pas de minaret(s), notamment celle du dôme du Rocher et celle d'Ispahan, par exemple. Bien sûr au delà de la boutade, il ne faut rien interdire du tout, dès lors que l'ordre public est préservé, le droit positif est respecté et la loi commune observée. Pour une architecture qui s'harmonise d'une manière caméléonesque dans le paysage urbain, la règle est à la permission quel que soit l'édifice cultuel. Pour un pays neutre sur la scène internationale, la Suisse vient de mettre les pieds dans le plat... Malheureusement les citoyens helvètes viennent de céder aux sirènes de l'extrémisme, de la peur et de la haine. Tout cela serait le prélude au fascisme. C'est une honte pour l'idéal démocratique. D'ailleurs, à ce sujet, on ne peut pas tout soumettre à référendum. La voie référendaire ne doit pas s'appliquer à des situations qui stigmatisent les minorités. On jauge le degré d'avancement éthique d'une nation à l'aune de la situation des minorités en son sein. Et, nous venons de voir l'éthique démocratique bafouée par les citoyens de la Confédération helvétique.