Six organisations patronales prendront part, aujourd'hui et demain, aux travaux de la 13e réunion de la tripartite. De nombreux observateurs soupçonnent ces mêmes organisations patronales algériennes d'être en manque de représentativité dans la sphère économique. Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA) révèle que les associations patronales, toutes catégories confondues, représentent près de 20% du tissu économique national composé, lui, de plus 300 000 entreprises. « Il y a des organisations qui ont une certaine base et d'autres qui l'ont moins. Maintenant, il nous faut beaucoup de travail de sensibilisation pour faire rallier le maximum d'adhérents », commente M.Naït, joint hier par téléphone. Pour ce faire, notre interlocuteur plaide pour la mise en place d'un « espace de concertation » où toutes les entreprises auront droit au chapitre. Une étude réalisée en 2005 par la Banque africaine de développement explique le déphasage existant entre associations patronales et les entreprises nationales. Sur le plan opérationnel, il ressort des conclusions de cette étude que les organisations patronales plus dynamiques répondent davantage aux besoins de leurs comités directeurs que pour leurs adhérents. Aussi, il est mentionné le fait que certaines associations s'engagent dans la défense d'intérêts collectifs, mais la plupart se limitent à la défense d'intérêts personnels. Le Forum des chefs d'entreprise (FCE), la plus importante organisation patronale, regroupant plus de 500 entreprises privées, publiques et étrangères de droit algérien, représente un chiffre d'affaires global de 6 milliards d'euros et 180 000 emplois. Le FCE ne participera pas aux travaux de cette réunion pour plusieurs raisons. « Le FCE n'a pas été invité ni officiellement ni officieusement. Encore moins en tant qu'observateur. Après tout, le FCE n'est pas un syndicat d'entreprise. Ce genre de rencontre ne l'intéresse pas. Ce qu'il souhaite est un vrai cadre de concertation pérenne. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui », apprend-on auprès du FCE. Au sein de cette association, on reste convaincu que les dés sont déjà jetés. Si la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA) indique avoir 1500 adhérents, la question de la représentativité au niveau de la Confédération du patronat algérien (CAP) semble être un secret d'alcôve. « Ce n'est pas bon. Cela va faire du mal aux autres organisations, surtout à la veille de la réunion de la tripartite », soutient Boualem Mrakech. Par ailleurs, les responsables des organisations patronales, du moins ceux interrogés, s'accordent à dire que le front patronal n'ira pas en rangs dispersés. « Fondamentalement, il n'y a pas d'opposition. Nous avons tenu des réunions de concertation au préalable. Certes, la méthodologie diffère d'une organisation à une autre à propos de certaines questions », tente de rassurer M. Mrakech. Même son de cloche du côté de la Cipa. « Il y a des réunions de concertation. Nous discutons des mêmes points, notamment la loi de finances complémentaire 2009 et la mise à niveau des PME », estime Abdelwahab Meziani. Le président de la CNPA met, par contre, un bémol : « Les propositions convergent, mais nous n'avons pas pu mettre en place un ordre du jour commun », indique-t-il, en déplorant l'incapacité des six organisations patronales à mettre les jalons d'une « entité commune » pour aller défendre les intérêts et les préoccupations des entreprises nationales.