Sidérant, est le moins que l'on puisse dire, à propos du silence officiel observé à Alger après les événements du Caire et l'hystérique campagne médiatique égyptienne contre notre pays et ses ressortissants. A la Télévision nationale, tout se passe comme s'il n'était rien arrivé d'extraordinaire la veille du 14 novembre dernier, avant la fatidique rencontre de football ayant opposé les deux équipes nationales. Pas une image, pas le moindre écho sonore sur l'agression dont ont été victimes les joueurs et les dirigeants des « Verts » par des supporters cairotes en furie, n'ont été diffusés. Alors que ces images existent, que des témoignages des victimes, des officiels comme le président de la Fédération algérienne de football, ont été vus pratiquement en direct ou presque par les Algériens les plus « chanceux » sur d'autres chaînes de télé, dont Canal+. Bref, des images qui ont fait le tour de la planète et superbement ignorées par l'ENTV. Séquences reprises par toutes les télés satellitaires, dont Al Jazeera. La suite, on la connaît, il n'en fallait pas plus pour voir l'hystérie repousser plus loin les limites de la bêtise et de l'indécence des médias égyptiens, allant jusqu'à accuser tous ceux qui ont diffusé ces images, y compris la chaîne qatarie, d'être à la solde de l'Algérie… Un présentateur d'une télé des bords du Nil expliquera ce soi-disant parti pris par la présence de journalistes d'origine algérienne et de fallacieux liens de parenté avec des joueurs de l'équipe nationale, etc. Tandis que du côté d'Alger, d'El Mouradia notamment, siège des « Affaires étrangères », rien, silence radio, pas la moindre réaction, pas le moindre rictus face au désarroi des ressortissants algériens forcés de quitter le pays des pyramides comme des voleurs, abandonnant tout derrière eux et profondément convaincus que leur vie était en danger. Une attitude officielle qui donne l'impression qu'à vouloir jouer l'apaisement « à tout prix », cette atonie risque d'être interprétée au profit de la partie égyptienne, un peu comme si on avait quelque chose à se reprocher, alors que dans les milieux officiels cairotes, on s'active à préparer des « dossiers ficelés » à soumettre aux instances internationales du football, du handball et où on soutient « mordicus » que le droit est de leur côté. Nos officiels, pour leur part, s'en tiennent tout au plus à des déclarations laconiques via des médias londoniens qui n'éclairent pas davantage sur ce que l'on envisage de faire pour exiger réparation et dédommagement des ressortissants algériens qui ont été obligés de quitter l'Egypte dans les conditions que l'on sait. Fort heureusement, les lecteurs algériens ont trouvé, une fois de plus, dans la presse indépendante, les arguments qui rassurent tout en « séparant le bon grain de l'ivraie » ; là aussi les « excès » sont inévitables, mais ils n'ont rien à voir avec l'hystérie et l'acharnement médiatique pour le moins étranges qui battent leur plein actuellement sur les bords du Nil.