On ne peut respecter la société et humilier ou dévaloriser l'élite qu'elle s'est donnée et qui a passé son temps à la servir. M'hamed boukhobza dans Octobre 88 évolution ou rupture ? Durant ces derniers mois, notre pays est revenu sur une de ses plus belles périodes de son histoire, celles du football algérien et de son équipe de 82. En effet, en plein qualification pour ce nouveau mondial. Nous avons pu voir rediffusées ces images de Gijon, d'Oviedo, de Guadalajara, non seulement nous avons revus nos illustres joueurs. Mais plus encore, les plus jeunes ont eu cette belle occasion de découvrir, les Belloumi, Merzkane, Kaci Saïd, Assad, Bensaoula, etc …véritables icônes de notre football. On se rappelle alors nos belles années. Qu'elle était belle cette période, il y avait, certes, l'article 120, les diverses pénuries, le printemps berbère, les grèves des lycées et universités … mais nous étions tout simplement un pays socialiste comme il en existait quelques uns à travers le monde. Puis est arrivé octobre 88 qui a forcé les portes, donnant accès à la démocratie, au multipartisme, à la diversité politique, à la création d'une presse indépendante. Quelle euphorie ! On pouvait enfin écrire ce qu'on voulait, dire ce qu'on pensait, vivre comme on le désirait. Apparaissait subitement toute une pléiade de créateurs, d'artistes, d'auteurs, d'écrivains, de scientifiques.. qui chacun, à sa façon, participait à cette envie de changement et d'amélioration du quotidien, jusqu'à se projeter pour un avenir plus radieux....mais ce renouveau n'était pas le bienvenu, du moins de cette façon, ainsi en avaient décidés certains ! Obscurantisme ? Visées électoralistes ? Stratégie géopolitique ? Dépression parano-suicidaire ? Jalousies intellectuelles ? Quels que soient les motifs invoqués, toujours est–il qu'une folie a fait de cette Algérie, ce que nul n'aurait imaginé. Progressivement le pays a sombré dans l'horreur absolue, chaque événement prenant le dessus sur le précédent… que ce fut long… très long avant que nous n'arrivions à revoir la clarté du jour. Et voilà que maintenant, la vie reprend doucement ses droits, comme s'il s'agissait d'un vilain cauchemar, il ne reste plus qu'à cacher les stigmates d'un vécu récent. On en revient à cet événement qu'est la qualification de l'équipe nationale à la Coupe du monde de football. Jamais le terme, baume au cœur, n'aura été autant de circonstance. Il fallait cicatriser une plaie fraîchement refermée. Maintenant, l'Algérien revit, il est joyeux, heureux. il se retrouve enfin avec son voisin pour fêter ce si beau moment. Ensemble, ils découvrent en ces jeunes footballeurs, des Hommes, comme on aime si bien le répéter, qui se sont battus pour l'honneur du pays, contre la Hogra subit en terre étrangère. Ils sont les dignes représentants de nos illustres combattants, ils ont montré ce dont l'Algérien est capable !!!. Me viennent alors à l'esprit ces noms d'autres Algériens, qui eux aussi ont défendu les valeurs du pays, qui eux aussi se sont battus pour cette Algérie que nous aimons tant, je pense à ces hommes que sont les Liabès, Boucebci, Boukhobza, Chouaki et tant d'autres. Ils ne courraient pas sur les stades, ne portaient pas de numéro, ne driblaient pas, ils n'inscrivaient pas de but, ils n'étaient pas des génies du coup franc .. Ils étaient médecins, scientifiques, sociologues, écrivains, universitaires, juristes, ils avaient travaillé, créé, eux aussi ont fait honneur à leurs professions respectives, ils avaient tous cet amour pour leur métier, assumant leurs idées, conduisant leurs projets, ils étaient professionnels jusqu'au bout des ongles, au point se faire connaître et reconnaître au delà des frontières. ces hommes ont laissé des œuvres, des travaux, des écrits, qui, au fil du temps, ont été oubliés mais peut-être qu'un jour on pensera à faire pour eux, ce qu'on a fait pour cette belle équipe de 82. Said Mekbel écrivait : « ….La vérité est comme la justice : elle a besoin de témoins…Même les tout petits témoins qui peuvent écrire des choses qui restent et qui durent. » C'était, il y a quinze ans !