Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Rodrigo de Rato, a entamé hier sa tournée maghrébine. Sa première escale a été Rabat, au Maroc, où il a d'emblée exhorté le gouvernement marocain à engager « des réformes économiques et financières » pour stabiliser ses principaux indicateurs économiques, selon l'APS. Le dernier rapport des experts du FMI non plus n'y est pas allé de main morte avec le pays de Mohammed VI. Il conclut en effet que l'économie marocaine reste dominée par une crise structurelle et une croissance erratique adossées à un déficit budgétaire élevé sur fond de progression de la pauvreté et du chômage. « La dépendance de l'économie marocaine de l'agriculture se dressera en handicap majeur », relèvent les experts du FMI. Le projet de loi de finances du Maroc 2005 prévoit une croissance de l'ordre de 3%, soit la même que l'exercice précédent. Ce statu quo est imputable à la légère détérioration des fondamentaux de l'économie marocaine, notamment une chute de 2% de la croissance industrielle et les cours élevés du pétrole. Le FMI considère que, d'une manière globale, la politique budgétaire et fiscale reste mal maîtrisée et constitue l'autre handicap de l'économie marocaine. D'ailleurs, Selon le Fmi, le déficit budgétaire du royaume chérifien est trop important. Cette conclusion est suivie par une recommandation où le FMI avertit : « Si en 2009 aucune disposition n'est prise pour relever les grands fondamentaux avec une meilleure discipline budgétaire avec un déficit plafonné à 3%, le déficit se hissera à 7% du PIB. » La prochaine destination du patron du FMI sera l'Algérie qui a fait l'objet d'un rapport relativement critique, notamment concernant la stratégie de privatisation, qu'il considère comme étant opaque, et le processus trop lent. Le maintien des emplois et de l'activité des entreprises sont autant d'obstacles pour le processus de privatisation, a estimé, en outre, le FMI. Le FMI avait également exhorté le gouvernement algérien à annuler le décret qui ordonne aux entités publiques à ne faire des dépôts uniquement chez des banques publiques. Il propose par ailleurs d'aller de l'avant dans la privatisation de quelques banques publiques et de renforcer la supervision bancaire. La budgétisation du déficit des entreprises publiques a, par contre, été saluée par le FMI, qui estime toutefois que cette mesure devrait être « temporaire » et dans le cadre d'un programme de restructuration. D'une manière générale, le FMI juge que la situation économique de l'Algérie était favorable en 2004 et devrait le rester en 2005 et même après. Le FMI considère que c'est là une opportunité que les autorités algériennes devraient saisir pour consolider la stabilité macroéconomique, soutenir une forte croissance économique et réduire d'une manière significative le chômage d'autant plus que l'actuel climat économique est favorable et la situation sécuritaire s'est nettement améliorée, note-t-il. Le rapport prend note de la baisse de la croissance du produit intérieur brut (PIB) qui est passé de 7% en 2003 à 5,5% en 2004. Selon lui, « un ralentissement de la progression de la production des hydrocarbures et un recul des récoltes en agriculture » sont à l'origine de cette baisse. L'inflation a été maintenue au-dessous de 4%, relève-t-on. La politique budgétaire adoptée devrait permettre le contrôle des dépenses publiques et réduire le déficit primaire hors hydrocarbures à moyen terme qui est passé de 29,5% du PIB hors hydrocarbures en 2003 à presque 32% en 2004, selon toujours le rapport consacré à l'Algérie. Le FMI a distribué de bons points à l'Algérie qui considère encourageants les efforts faits pour ne plus faire dépendre les dépenses publiques des fluctuations des revenus des hydrocarbures.