Plus de 1,3 million de fonctionnaires et de retraités bénéficieront d'un SNMG de15 000 DA à partir du 1er janvier prochain. Ainsi en ont décidé, jeudi dernier, les animateurs de la tripartite (gouvernement-UGTA-patronat). La mesure en question fait jaser déjà dans les chaumières. « Ce n'est pas suffisant ! » Hakim, fonctionnaire de son état, sait de quoi il parle : fins de mois difficiles à boucler. Selon lui, ces « miettes » concédées ne tarderont pas à fondre comme neige face au problème persistant de l'inflation. Comme Hakim, de nombreux Algériens restent convaincus que cette augmentation, de leur avis « dérisoire », risque de s'avérer un coup d'épée dans l'eau. « L'augmentation ne saurait avoir un réel impact sur les salariés en raison de l'érosion du pouvoir d'achat et de l'inflation », juge-t-il. Rien que pour les neuf premiers mois de 2009, le rythme de l'inflation a atteint 5,7%, selon l'Office national des statistiques (ONS). Soit 1,5% de plus que l'an dernier. L'ONS affirme que la principale cause de la montée en flèche de cette inflation est due à l'augmentation de 8% des prix des biens alimentaires et de 21,01% pour les produits agricoles frais. Les œufs ont augmenté de 27,24%, la viande ovine de 25,74%, les légumes frais de 24,12%, les poissons frais de 23,18%, la pomme de terre de 12,80%, la viande bovine de 16,29% et le poulet de 19,96%, selon l'ONS. Depuis plusieurs années, les poussés inflationnistes sont devenues récurrentes avec un taux de 1,6% en 2005, 3% en 2006, 3,5% en 2007, 4,5% en 2008. Et le gouvernement n'arrive plus à les endiguer, prétextant souvent une inflation importée. Mourad Ouchichi, économiste à l'université de Béjaïa, qui juge « légitime » la revendication d'une majoration salariale, prédit par contre une inflation à l'avenir. « Le régime de nature rentière est en train d'injecter de l'argent sans aucune contrepartie productive. II y aura certainement une inflation », explique-t-il, en rappelant que les pouvoirs publics, à travers cette augmentation, sont en train de « corriger » le pouvoir d'achat des Algériens, en chute libre. Economiste à l'université d'Oran, Abdelmadjid Aït Habbouche, souligne, quant à lui, que « la revalorisation des salaires devrait être, économiquement parlant, indexée sur la productivité ». Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. D'où le risque, selon lui, de favoriser le processus de l'inflation. Mourad Ouchichi considère que seule l'amorce de réformes structurelles profondes pourrait permettre d'avoir une économie productive « où la masse de la monnaie en circulation devrait être égale à la masse des services ».