La suppression du départ anticipé à la retraite et l'augmentation du nombre d'années de cotisation irritent les syndicats autonomes. Ils réfutent les arguments avancés par le gouvernement pour mettre en œuvre sa décision et ils confirment le contraire. Selon le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), la tendance mondiale consistant à revoir à la hausse l'âge du départ à la retraite « ne devrait pas s'appliquer à l'Algérie ». « Effectivement dans le monde occidental, la tendance vers le rehaussement du nombre d'années de travail pour prétendre à une retraite trouve ses arguments dans le vieillissement de leurs populations, la longévité des retraités et le financement de l'allocation chômage », explique le CLA dans un document élaboré récemment. Les critères pris en considération par le monde occidental et que le gouvernement compte importer pour réformer le système de retraite en Algérie constitue, selon cette organisation, une aberration. « En Algérie, la situation est complètement l'inverse : la population algérienne est à 70% jeune dont 60% cherchent un emploi, la durée moyenne de vie des Algériens est de 70 ans et l'allocation chômage est inexistante », note-t-on dans ce document. Rappelant les principes adoptés par l'OIT pour fixer l'âge de la retraite, le CLA explique, arguments à l'appui, la nécessité d'une retraite après 25 ans de service pour le corps pédagogique. Selon ce document, 25 ans de service dans l'enseignement sont équivalents arithmétiquement à 32 ans de service exigé par la loi. Comment ? « La moyenne de travail d'un enseignant, tous corps confondus, est de 20h effective par semaine et selon les normes de l'Unesco, une heure de travail en classe nécessite 1 heure 25 minutes supplémentaires pour effectuer les tâches de préparation et d'évaluation pour une classe de 25 élèves, ce qui donne que l'enseignant travaille 45 heures/semaine. Sachant que la moyenne d'élèves par classe en Algérie est de 40, cela veut dire qu'il y a une surcharge structurelle qui engendre un surcroît de travail de 15 heures minimum par semaine. L'enseignant travaille donc 60 heures par semaine contrairement à la loi qui fixe la durée maximum à 40 heures/semaine », souligne-t-on dans le même document. Le CLA relève également le fait que l'enseignant algérien ne bénéficie pas de l'année sabbatique après chaque année d'exercice, comme appliqué dans plusieurs pays du monde. « Ce qui n'est pas le cas dans la législation algérienne. En terme arithmétique, pendant les 32 ans de services, l'enseignant perd 6 années sabbatiques. La législation doit, donc prendre en charge ce droit par l'une des formules suivantes : bénéficier de l'année sabbatique tous les cinq ans, ou accorder le droit à une retraite après 25 ans de service pour ce qui ne veulent pas d'année sabbatique », précise ce syndicat. En termes financiers, le corps pédagogique, affirme-t-on encore, peut se prendre en charge dans le cadre de la retraite par répartition selon le contient : retraités/cotisants. « Le nombre de départs à la retraite par an est de 22 000 et le nombre d'enseignants en fonction est également de 220 000. Cela donne 10 cotisants pour un retraité, ce qui est une moyenne mondiale », ajoute la même source. Revenant sur le déficit financier de la Caisse nationale des retraites, le CLA estime qu'il n'est pas dû au départ anticipé à la retraite. « Le déficit est causé par la prise en charge par la CNR des droits non contributifs telles que les indemnités complémentaires pour le revenu (ICPR), l'évasion sociale et la sous-déclaration des salariés qui privent la CNAS et la CNR de ressources à recouvrer », analyse le syndicat en citant une troisième raison qui est la précarité de l'emploi.