Prise en tenailles par un implacable cercle de misère et d'isolement, la commune de Serdj El Ghoul, une localité montagneuse et enclavée au cœur de la chaîne des Babor, semble étouffer sous le poids de l'indifférence et du laisser-aller. Dans ce patelin du bout du monde, la population est livrée à elle-même et privée de tout. Pour cette dernière, c'est le ras-le-bol. Pour dénoncer cette situation de plus en plus difficile, des dizaines de citoyens, en majorité des jeunes, ont tout simplement fermé la route. Une manière, nous dit-on, d'attirer encore une fois l'attention des autorités de wilaya sur le désarroi des citoyens de cette localité, qui a énormément souffert des affres du terrorisme et d'autres aléas quotidiens. Dans ce bled perdu, le chômage touche l'ensemble des jeunes. Un destin en chassé-croisé lamine la vie de ces gens qui ne savent plus quoi faire pour survivre. Certains d'entres eux, que nous avons pu approcher, ne cessent de dénoncer le laxisme des responsables locaux qui, selon eux, n'ont rien fait pour remédier à cette situation désastreuse. A Serdj El-Ghoul, tout vit au ralenti ; pourtant, cette localité dispose d'un énorme potentiel agricole, notamment la culture de montagne, l'arboriculture, l'apiculture, l'élevage, etc. Mais faute de moyens, et surtout de mesures incitatives de la part de l'Etat, la situation est au point mort. Il est à rappeler qu'avec le retour au calme, après toutes ces années de terreur et de galère, les gens ont commencé à revenir. Mais sur place, c'est carrément l'envers du décor. Aucune aide de la part de la collectivité n'a été déployée pour que ces personnes puissent refaire leur vie. Leurs enfants ont alors repris le chemin inverse, vers d'autres localités plus clémentes. Mais pour combien de temps encore, et quel sort réserve-t-on à ceux qui sont restés sur place ? Une question à laquelle les responsables locaux devront répondre, sachant que rien n'est fait pour retenir cette population dans ce patelin du bout du monde. Sur cette route sinueuse, des véhicules, peu nombreux, empruntent les chemins menant vers plusieurs dechras éparses, en évitant le chef-lieu de commune où le climat est plutôt lourd, démesurément lourd, suite au rassemblement des jeunes qui ont bloqué la route pour dénoncer une situation devenue insoutenable. Pour rappel, la commune de Serdj El Ghoul s'étend sur une superficie de 598,7 km2 avec une population estimée à 9 310 habitants. Elle est située dans la daïra de Babor, à 1006 m d'altitude, et une soixantaine de kilomètres au nord du chef-lieu de la wilaya de Sétif. C'est une localité à vocation agricole, mais qui fait face au manque d'infrastructure de soins, à un état des routes déplorable, au chômage, au problème d'eau, qui est une corvée quotidienne, particulièrement pour les jeunes. Beaucoup d'entre ces derniers, rencontrés sur les lieux, nous ont assuré qu'ils sont prêts à rester sur place pour travailleur la terre, pourvu que l'on s'occupe d'eux. A cet égard, ils lancent un appel pressant aux autorités de la wilaya pour la mise en place d'un véritable plan d'aide au retour.