Lorsque le bâtiment va, tout va, une devise aujourd'hui vide de sens en raison de la situation désastreuse dans laquelle végète ce secteur à cause des mille et un problèmes auxquels il est confronté depuis des années. L'augmentation anarchique du prix du ciment, ayant franchi ces derniers jours le seuil des 700 DA le sac, est le dernier clou dans le cercueil. Les retombées sur l'économie du pays sont énormes. Et pour cause ! De nombreux chantiers sont à l'arrêt et des centaines, voire des milliers d'ouvriers, sont au chômage technique. Une situation qui s'est répercutée d'une manière dramatique sur une grande partie des travailleurs, notamment ceux du secteur privé, activant le plus souvent au noir et ne percevant aucune indemnité. Beaucoup d'entre eux ont fait l'impasse sur le rite d'Abraham. En parcourant certaines localités de la wilaya de Sétif, c'est carrément l'envers du décor : la plupart des chantiers sont à l'arrêt. Même la ville d'El Eulma, une localité en pleine expansion économique, est touchée par ce phénomène. C'est le même cas de figure pour les auto-constructeurs qui, en plus du problème du ciment, sont confrontés à de nombreuses autres difficultés, notamment celles liées au transfert du dépôt de distribution de la ville d'El Eulma à Aïn Arnat. Ces citoyens, de différentes localités de la daïra d'El Eulma, sont obligés de se rendre dans cette ville pour se faire enregistrer et déposer leur demande. Un va-et-vient fatigant et surtout coûteux. Sur les lieux, ce qui fait office de dépôt n'est en fait qu'une simple cabine exposée, sur un terrain vague, sans relief, nous dit une auto-constructrice, ulcérée par ce manège auquel le citoyen fait face depuis quelques mois déjà. Evidemment, les opportunistes dans pareille situation ne sont pas restés les mains croisées, certains d'entres eux vous procurent du ciment en quantité et même celui provenant de Tunisie. Pour cela, il faut y mettre le prix. A cet égard, la localité le Romada, sur la RN75 (Sétif-Batna), est devenue depuis quelque temp le carrefour du ciment. Ce dernier est vendu, par camions entiers, en catimini dès la tombée de la nuit. Une virée sur les lieux nous a permis de constater un va-et-vient incessant de véhicules chargés de ciment. La transaction se fait sur place et le prix est cash. Une effervescence s'installe chaque jour à partir de 18h, les portables commencent à sonner avant l'arrivée des premiers camions et des premiers clients. Le tout se fait dans la discrétion la plus totale et tout rime avec le ciment. Les ouvriers sont recrutés sur les lieux-même, et ils sont très nombreux. Une activité débordante a lieu dans ce patelin situé à quelques encablures de la ville d'El Eulma, dont les retombées ne profitent qu'à une infime partie, celle des magnats qui contrôlent ce produit devenu vital pour les constructeurs.