«Le risque majeur de la propagation du virus Ebola en Algérie est l'importation», affirme Fawzi Derrar, virologue à l'Institut Pasteur d'Alger. C'est pour cette raison qu'il faut pratiquer des contrôles réguliers au niveau des aéroports, car le virus ne peut être importé qu'en cas du retour d'un voyageur d'un pays infecté.» L'épidémie de la fièvre Ebola qui a frappé l'Afrique subsaharienne figure parmi «les plus effrayantes» jamais enregistrées depuis l'apparition de la maladie il y a 40 ans, a estimé l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En effet, selon les derniers chiffres publiés par cet organisme, 157 cas ont été recensés en Guinée, dont 111 cas mortels, et 21 cas au Liberia, dont 10 mortels. En Sierra Leone, plusieurs personnes mortes pourraient avoir contracté la maladie en Guinée. Selon des informations, le Mali compte quelques cas suspects qui n'ont cependant pas été officiellement signalés par les autorités locales. En Algérie, le directeur de la prévention au ministère de la Santé, le Pr Ismaïl Mesbah, a déclaré que l'Algérie a mis en place «un dispositif de surveillance et d'alerte pour la prévention de la fièvre Ebola», tout en écartant toute éventualité de contamination. Importation D'autre part, le ministère de la Santé a tenu, hier, une réunion avec une commission composée d'experts pour procéder à l'évaluation du risque de propagation de la fièvre Ebola en Algérie. «Je ne suis pas tout à fait inquiet, explique le Dr Fawzi Derrar. L'Algérie est membre de l'OMS, ce qui lui permet d'être informée de toutes les alertes et lui confère une priorité sur la vigilance. L'Algérie n'est pas un foyer pour ce virus, parce que Ebola ne se manifeste qu'à des endroits qui regorgent de forêts… Ce virus ne peut être qu'importé.» Pour le moment, aucune campagne de sensibilisation n'a été déclenchée. Pour le Pr Leila Houti, épidémiologiste au CHU de Sidi Bel Abbès, «l'importation du virus semble improbable mais non nulle.» Il n'existe aucun remède ni vaccin contre le virus Ebola qui se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des personnes infectées. «Les méthodes de prévention sont basées sur les règles d'hygiène, affirme le Pr Houti. La prévention immédiate est d'éviter tout contact rapproché avec des patients infectés par le virus et porter un équipement de protection spécifique. Par ailleurs, des mesures plus strictes sont à prévoir dans les centres de santé», explique-t-elle. Lutte
Pour un malade contaminé par l'Ebola, tout va vite après l'incubation. Montée soudaine de température, insuffisance rénale et hépatique, irritations, douleurs musculaires, maux de gorge, vomissements et diarrhées. Le patient saigne abondamment, ce qui dégrade fortement son système immunitaire et provoque la mort immédiate. «Le virus est d'une violence inouïe. Son origine, sa propagation et le fait de ne pas avoir trouvé de vaccin font de ce virus un mystère pour la science, déclare le professeur Farès Saâdaoui, virologue et chercheur associé dans des instituts de recherche indépendants. Il y a trois ans, des chercheurs de l'Institut militaire américain pour les recherches médicales des maladies infectieuses (Usanriid) ont signalé avoir trouvé une classe de médicaments capables de constituer un traitement contre le virus Ebola. Des tests préliminaires ont été réalisés, mais rien de concret au final. La lutte n'est pas finie.» Effectivement, la lutte contre Ebola demeure quotidienne. Hier, l'OMS, la Croix-Rouge et l'Unicef ont décidé d'intensifier leurs efforts dans le cadre de la prévention et la lutte contre l'épidémie de la fièvre Ebola en Afrique de l'Ouest, particulièrement en Guinée, le pays le plus affecté.