Dans un communiqué rendu public hier, la direction de campagne de Bouteflika accuse les représentants du candidat Benflis d'être à l'origine des actes de violence qui ont visé plusieurs meetings des proches du chef de l'Etat. «Nous prenons acte, ce jour de veille de fin de campagne, de la poursuite de comportements violents de la part de parties hostiles au déroulement serein et transparent de la campagne et de l'élection pour la présidentielle, et dénonçons les auteurs de cette violence qui émane de représentants du candidat à la présidentielle, Ali Benflis», indique le document signé de la direction de communication de l'équipe que dirige Abdelmalek Sellal. Le communiqué, envoyé aux médias, accuse également les partisans de Benflis d'être derrière les actes d'incendie des permanences de campagne du président-candidat. Menaces directes «Nous mettons en garde contre les dérives d'un discours tendancieux, dangereux, porteur d'intimidations et de menaces directes, en l'occurrence celui adressé, via la télévision, par le candidat Ali Benflis aux walis et chefs de daïra, les invitant à faire attention à leurs enfants, comme pour leur suggérer que ceux-ci seraient en péril dans un après-élection qui ne lui serait pas favorable», ajoute encore le document, qui reproche à Ali Benflis d'«assimiler sa très probable défaite à une fraude contre sa personne afin de s'autoriser tous les excès, dont ceux déjà qu'il fait commettre, durant cette campagne électorale, contre nos représentants, nos animateurs et les journalistes». Plusieurs meetings des proches de Abdelaziz Bouteflika ont été perturbés par des opposants au 4e mandat. Ce week-end encore, des rencontres que devaient animer le duo Benyounès- Ghoul à Khenchela ainsi qu'un meeting organisé par le FLN à Staouéli (Alger) ont connu du grabuge. La peur d'un vote-sanction Le message des proches de Bouteflika sonne comme une alerte. Jamais, en effet, le clan présidentiel ne s'est mis dans une telle posture défensive face à un autre prétendant à la magistrature suprême. Et de tous les candidats qui attaquent leur champion, les proches de Bouteflika prennent comme seule et unique cible Ali Benflis. Cela fait en réalité plusieurs jours que le discours de l'ancien Premier ministre est offensif. Porté par des marées humaines un peu partout dans le pays, il multiplie les mises en garde contre la volonté de l'administration de frauder le scrutin présidentiel. Benflis ne s'interdit désormais rien et prend le peuple à témoin : «Défendez vos voix», dit-il à chacun de ses meetings, qu'il est parfois obligé de tenir dans la rue tant l'affluence est énorme ; c'était le cas à Khechela où le candidat est monté sur un balcon pour tenir un discours devant des milliers de citoyens venus l'écouter. Cette mobilisation populaire, ajoutée à la promesse de Benflis de couvrir tous les bureaux de vote à l'échelle nationale pour prévenir toute tentative de fraude, fait douter le clan présidentiel. Comparés aux échecs des meetings de proches de Bouteflika, incapable de mener sa propre campagne, les succès de Benflis ne peuvent donc laisser indifférent. Pis, la multiplication des actions de rejet d'un nouveau mandat pour Abdelaziz Bouteflika font craindre à ses partisans un vote-sanction dans le cas où l'élection serait régulière. D'où ces communiqués à répétition.