On aurait aimer passer à autre chose, mais comment zapper une actualité qui vous interpelle quotidiennement quand ceux qui prétendent être les descendants des pharaons redoublent de férocité par des agressions verbales et médiatiques qui touchent à votre honneur et à votre dignité et qui, en retour, exigent de vous de se prosterner devant eux. Rien que ça. Résultat : entre Alger et Le Caire, la tension est loin de baisser en raison du comportement infantile des officiels égyptiens qui n'arrivent toujours pas à contenir leur haine viscérale contre l'Algérie. Les chaînes de télévision publiques et privées et même la grande presse dite sérieuse continuent, en effet, à ce jour, à servir de relais aux discours belliqueux et aux mensonges les plus grotesques diligentés d'en haut dans le seul but de salir encore davantage l'image de notre pays. Des politiques, des artistes, des intellectuels et des gens du peuple y viennent pour participer, chacun à sa manière, à la curée générale, le tout dans une ambiance de conflit latent qui risque d'exploser à tout moment sous la pression infernale des va-t-en-guerre. Ce qui paraissait, au début des événements, comme une simple réaction épidermique est aujourd'hui devenu une évidence : malgré les appels indirects à la raison lancés ça et là par des responsables algériens soucieux de ne pas envenimer les hostilités, le clan Moubarak à l'origine de cette effervescence malsaine ne s'embarrasse, lui, d'aucun scrupule pour pousser à l'irréparable. Le tableau s'éclaircit donc, l'Egypte, au paroxysme de son arrogance, ne semble nullement dérangée par une éventuelle rupture des relations avec l'Algérie, qu'elle provoque d'ailleurs ouvertement. Même si parfois on veut donner, du côté du Nil, l'impression de souffler le froid lorsque les boutefeux font monter à son plus haut niveau le thermomètre, histoire de montrer au monde qu'il existe, malgré tout, des voix qui prennent leur distance avec le régime en place pour dénoncer l'hallali, comme celles de l'éditorialiste du quotidien Al Doustour qui traite l'élite égyptienne de « risible » ou du ministre des Affaires juridiques et des Instances élues qui se serait élevé contre « le rôle dangereux » joué par les médias de son pays, le mot d'ordre général reste intimement lié aux convictions personnelles du raïs, autrement dit à sa propre conception du traitement politique de cette crise qu'il pense, malgré ses énormes déboires, pouvoir exploiter à son avantage pour maintenir sa phobie dominatrice dans le monde arabe. Moubarak, vieillissant et incapable aujourd'hui, dans une Egypte de moins en moins soumise à ses caprices, d'influer sur le problème de sa succession après l'échec cuisant de sa tentative de mettre sur orbite l'un de ses rejetons, largement celui-là (l'échec) influencé par la victoire de notre équipe de football, a fait doublement un faux calcul. Le premier est de croire que Oum Eddounia est une vraie dynastie. Le second est que l'Algérie est un simple faire-valoir. Les événements qui se retournent contre lui confirment que l'ère moubarakienne est déjà en voie de dislocation. Alors accorder encore de l'importance au retour de l'ambassadeur d'Egypte, conditionné par un dédommagement financier, ce serait croire tout bonnement en la résurrection des pharaons en ce siècle où la mondialisation fait sauter toutes les barrières idéologiques et pousse les pays à mobiliser leurs efforts pour défendre leurs intérêts là où ils se trouvent. Ceci nous amène à revenir sur l'attitude des responsables algériens devant ce conflit qui n'a pas du tout été appréciée par l'opinion publique. Au demeurant, une grande part de responsabilité revient à la télévision nationale qui s'est détachée complètement de cette actualité brûlante, faisant comme si de rien n'était alors que les Algériens attendaient devant leurs écrans que les vrais instigateurs et manipulateurs de cette crise créée de toutes pièces soient dénoncés en termes adéquats. L'Unique, face à l'attente de son public, a tourné le dos à une pression populaire qui revendiquait une position politique plus ferme et un traitement médiatique plus objectif. Ce sont finalement les internautes qui expriment, à travers différents sites, ce mécontentement qui vient de la base, voire des tripes, pour exiger que soit mis fin à ce réflexe spontané qu'ont nos dirigeants de vouloir en toutes circonstances surdimensionner l'Egypte alors que ce pays a toujours fait faux bond à la cause arabe si tant est que c'est le sujet qui met encore dans l'embarras. Les Algériens, à travers internet, puisque l'expression télévisuelle leur est interdite, fustigent le manque de courage de nos hommes politiques, la fuite en avant d'une télévision nationale qui risque, au train où vont les choses, de céder dans un proche avenir ce qui lui reste de territoire à une petite télé privée tunisienne, Nessma TV, qui a de grandes ambitions mais qui ne refuserait pas ce sacré coup de pouce. Ce serait alors la suprême humiliation pour l'Unique.