Vous l'avez certainement vu dans le film de Jacques Audiard, Un Prophète dans lequel il a partagé la vedette avec l'excellent Tahar Rahim ou alors dans le film choral Qu'un seul tienne et les autres suivront, de Léa Fehner. Lui, c'est Réda Kateb, un franco-algérien qui peut aussi bien jouer un gitan (comme c'est le cas dans Un Prophète) qu'un maghrébin ou un Français est un personnage tout en finesse et à la force da caractère impressionnante.Après des débuts au théâtre où il a fait une excellente carrière où il a joué avec Sara Veyron dans Le théâtre du Chaos de Georges De Cagliari, avec Olivier Baucheron dans Georges Dandin de Molière, Emmanuel Depoix dans Abdu Rimb de Serge Rivron, Malek Kateb dans Moha le fou Moha le sage de Tahar Ben Jelloun. Il a mis en scène et joué dans «Le poète encerclé» de Kateb Yacine (son grand oncle), il a été découvert dans la série Engrenages, il s'essaie avec brio au cinéma qui l'adopte aussitôt et le propulse au bout de quelques année au rang de comédien confirmé. En 2012, il est choisi par Kathryn Bigelow pour tenir un rôle dans son film Zero Dark thirty, sur la traque d'Oussama Ben Laden. Un blockbuster à l'américaine. Une fois cette parenthèse américaine fermée, l'acteur retrouve les chemin des plateaux français : on le voit dans Les petits princes ainsi que dans Gare du Nord. Cette année, le festival de Cannes est LE festival de Réda Kateb. Dans Lost River, le thriller fantasmagorique de Ryan Gosling, présenté à Un Certain Regard, Reda Kateb joue un chauffeur de taxi. A la Semaine de la critique, il est jeune médecin dans Hippocrate, du Français Thomas Lilti. Et dans Qui Vive, premier film de Marianne Tardieu soutenu par l'ACID, qui promeut le cinéma indépendant, il a le premier rôle, celui d'un jeune vigile prisonnier des codes de son quartier. Un film américain hyper-buzzé, une comédie dramatique plutôt populaire, un petit projet auteuriste… voilà qui résume l'éclectisme d'un acteur qui veut franchir les frontières. «Ce que j'aime, c'est l'alternance. Ça me correspond bien de venir à Cannes dans trois sélections différentes et dans trois types d'hôtel différents !» Né dans une famille de comédiens et de poètes, Reda Kateb tient son côté caméléon d'une enfance bercée dans la culture. «Mon père m'a emmené partout en tournée, depuis tout bébé. J'ai baigné dans un monde d'ouverture et de curiosité.» Il peut désormais tutoyer les acteurs qu'il admire, comme Viggo Mortensen, avec qui il partagera bientôt l'affiche de Loin des hommes, ou Ryan Gosling, qui l'a recruté après l'avoir vu dans Un Prophète. «Il m'a confié le rôle sans même une rencontre sur Skype ou un essai. On s'est rencontré le premier jour de tournage et on a vraiment travaillé dans le partage. Il a décidé de faire ce film à un moment où il aurait pu s'offrir d'une vie de luxe. Mais il a fait un choix d'artiste, il a pris un risque.» Le genre d'expérience qui tenterait bien Réda Kateb, qui travaille au financement de son premier court-métrage. «Plutôt une comédie. On ne m'en propose pas trop alors je me l'offre à moi-même.» Encore une nouvelle facette pour celui qui se méfie des étiquettes. «Aux Etats-Unis, on est vite catalogué. Avec mon nom, ma tête et mon accent, ça prend du temps d'élargir le panel. Il m'est arrivé de ne pas donner suite à des scénarios, même avec des stars, parce que j'ai envie de protéger un parcours à long terme.» A 36 ans, Reda Kateb voit loin. «J'ai l'impression de faire ce métier pour des raisons différentes selon les âges, à mesure que je découvre, que je grandis et que ma vie change.»