Environ 1200 enfants ont été victimes de violence en milieu scolaire durant l'année 2013, selon le réseau Algérien Nada pour la défense des droits de l'enfant. Quelque 300 enfants scolarisés, victimes de violences dans les écoles, ont été dénombrés entre septembre et décembre de la même année, d'après le Conseil des lycées d'Alger». C'est ce qu'a indiqué Mahmoud Boudarène, psychiatre et docteur en sciences biomédicales, dans sa communication intitulée «Du stress de l'enfant en milieu scolaire : entre bien-être et souffrance». Intervenant à l'ouverture de la 14e journée scientifique de psychiatrie ayant pour thème «l'enfance tourmentée», tenue samedi dernier à l'auditorium de l'établissement hospitalier spécialisé en psychiatrie «Fernane Hanafi» de Oued Aissi (Tizi Ouzou), l'orateur a souligné que l'école algérienne traverse actuellement une crise structurelle et sécrète des ingrédients à même de générer des obstacles à l'épanouissement et au bien-être de l'élève et de l'enseignant. Une situation de stress constante qui engendre à terme une souffrance profonde pour l'élève, victime de violences multiples telles que l'agressivité physique, le racket, le harcèlement…etc. Pour sa part, Dr N. Boulassel, psychiatre à l'E.H.S Frantz Fanon de Blida, parlera d'une autre forme de violence. «On entend souvent parler de la violence physique faite aux enfants. Il existe une autre forme dont on parle moins, beaucoup plus sournoise, il s'agit de la violence verbale proférée à l'endroit de l'enfant, caractérisée par les insultes, l'humiliation, la menace…c'est un phénomène transgénérationnel devenu un mode de communication», précisera l'oratrice dans sa communication sous le thème «La parole qui gifle !». «Cris d'un enfant» est un autre thème présenté par Dr S. Doua. L'intervenante fera savoir qu'environ 10 000 cas de sévices sur enfants sont déclarés, dont 2000 cas d'agressions sexuels et quelque 16 000 enfants sont victimes de maltraitances, d'exploitation économique et de conflits familiaux, chaque année en Algérie, avant de conclure que les familles, les quartiers et l'école sont en crise et ne semblent plus pouvoir jouer leurs rôles. Ceci explique, selon l'oratrice, «la montée du sentiment d'insécurité, de violence, de troubles psychologiques et de suicides chez l'enfant.» Sur un autre chapitre, une communication sur la protection judiciaire de l'enfant a été présentée par Dr Chouakria de l'EHS Mahfoud Boucebci de Chéraga (Alger) en expliquant notamment le cadre judiciaire en Algérie, contrairement à d'autres pays, qui ne cite pas la notion de «maltraitance ni celle d'enfant en danger» dans les textes. Toutefois, précisera-t-elle : «le législateur prévoit une protection judiciaire de l'enfant victime de crime ou de délit de son tuteur.» Dr D. Benabdelah de l'EHS F. Hanafi, consacrera l'une de ses interventions au thème «Témoignage devant la justice, prudence et jurisprudence», lequel thème repose sur 28 années d'expérience à l'EHS de Oued Aissi. Il parlera notamment de parents ou tuteurs d'un enfant traduits en justice et même emprisonnés «à tord ou à raison». Le communicateur relatera le cas d'un parent ayant été emprisonné pendant 6 mois, puis relâché après que sa fille de 14 ans soit revenue sur ses aveux.