Les deux femmes auraient rendu l'âme au cours de leur évacuation vers l'hôpital de Tamanrasset, distant de 30 km de cette localité, indique un villageois qui impute les causes de cette tragédie à l'absence de centres de soins et à l'inexistence d'infrastructures routières dans ce village déshérité. Pour s'y rendre, les habitants sont contraints d'emprunter une piste impraticable mettant en danger la vie des malades et des femmes enceintes, particulièrement les primipares qui doivent être transférées en urgence à l'établissement public hospitalier de la ville pour une prise en charge médicale. «Après l'alerte, les ambulanciers ont mis plus d'une heure pour arriver. Ce qui aggrave davantage la situation des malades qui ne cessent de faire les frais de l'ostracisme et de l'exclusion dont on se sent victimes. Nous avons signalé ce problème aux autorités locales à maintes reprises. Cependant, on nous oppose toujours une fin de non-recevoir. Nous avons réclamé le bitumage de cette route de la mort en raison de son état défectueux. Toutefois, notre doléance a fini par atterrir dans la corbeille des responsables qui refusent toute opération liée au revêtement de cette route menant également à l'Assekrem dans le souci de sauvegarder l'état naturel des sites touristiques de l'Ahaggar. C'est inconcevable ! On ne peut jamais accepter de faire du tourisme au prix de notre vie», déplore Aouarzig Mouloud. Brandissant une lettre de doléances où sont énumérés les problèmes dans lesquels se débat leur village, notre interlocuteur ajoute d'un ton frisant la grossièreté : «Nos femmes décèdent en silence et le gouvernement en place ose parler, toute honte bue, de droits de l'homme ! C'est malheureux. Ce que ces responsables doivent savoir, c'est que les habitants du Hoggar, 52 ans après l'indépendance du pays, sont toujours privés de leurs droits les plus légitimes. Il est temps de se raviser et d'implorer Dieu pour un demi-siècle de pardon, parce qu'à ce rythme la situation risque de prendre des allures scandaleuses et gravissimes.»