Sans la musique, la vie serait une erreur », disait Friedrich Nietzsche. Une citation on ne peut plus vraie tant celle-ci adoucit les mœurs. Ainsi, des artistes sont convoqués, des concerts sont organisés par-ci par-là, parallèlement à des conférences nous invitant à des voyages dans l'espace culturel et au cœur du patrimoine immatériel de toutes les régions du monde, selon le vœu de l'Unesco qui a répertorié, rappelons le, la liste des chefs-d'œuvre musicaux à sauvegarder dont l'ahellil du Gourara, genre bien de chez nous qui a été proclamé en 2005, expression musicale vivante de l'humanité.Il va sans dire que ce type de patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par la communauté en fonction de son interaction avec la nature et de son histoire. Cela « procure, aussi, un sentiment d'identité et de continuité, permettant de promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine », selon toujours l'Unesco. Dans cette foulée, le ministère de la Culture a jugé bon en 2007, à l'occasion de la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe », de déterrer des pans de patrimoine musical puisés de notre humus dont l'andalou, le chaâbi, le bedoui, le beldi, le folklore, le kabyle, le chaoui,… L'initiative a été louable à plus d'un titre. Plus d'un millier de coffrets de CD ont été édités dans certains genres comme l'andalou, le chaâbi ou l‘âsri. Certes, le ministère de la Culture s'est gardé de se montrer chiche quant à la promotion de ces œuvres de grands maîtres, sauf qu'il n'est pas aisé pour le mélomane de dénicher ces corpus que l'Oref a eu l'exclusivité de mettre en vente. Ces premières compilations de 35 artistes — un premier jet — qui nous mettent en symbiose avec notre legs culturel et notre histoire ne sont malheureusement proposées que l'espace d'un événement culturel sur les éventaires d'un office qui semble ménager ses efforts quant à leur diffusion. N'est-ce pas qu'il aurait été judicieux de dispatcher ces milliers de supports à travers ce qu'on appelle les disquaires dont les bacs regorgent de produits usinés par des maisons d'édition qui recourent au commerce illicite ? Celles-là mêmes qui échappent à l'Onda, foulant aux pieds les textes régissant leur profession. Mais cela est une autre histoire. En attendant, « décoffrons » l'héritage de nos artistes au-delà des portes de la salle Ibn Zeydoun qui abritera, à partir de demain le 4e Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes.