En dehors de situations d'urgence médicalement établies, la grève ouverte des praticiens touche toutes les activités de soins, de consultation et d'exploration. Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a opté pour la radicalisation de son mouvement de protestation en passant d'une grève cyclique de trois jours à une grève ouverte à partir de demain. En effet, le conseil national de cette organisation syndicale s'est réuni, la semaine dernière, en session extraordinaire et ses membres ont, à l'unanimité, décidé d'aller vers une grève illimitée. Un préavis de grève a été déposé le 13 du mois en cours. Pourquoi une telle décision ? Selon Lyes Merabet, porte-parole du syndicat, cette décision est motivée par le silence méprisant et intimidant opposé par le ministère de la Santé aux multiples appels lancés par le SNPSP pour un éventuel dialogue et aussi devant l'indifférence affichée par les pouvoirs publics aux doléances légitimes des praticiens. « Nous dénonçons l'attitude ambivalente du ministère de tutelle qui prône le dialogue social dans le discours à consommation soumis à l'opinion publique et continue de construire dans le mépris et la provocation sa relation de partenariat avec notre syndicat », a fulminé le responsable du syndicat. Rappelant la genèse de leur mouvement, M. Merabet a relevé au préalable le niveau de mobilisation qui a accompagné le débrayage cyclique entamé le 23 novembre dernier. A travers cette action de protestation, les praticiens exerçant aux quatre coins du pays ont pu, d'après M. Merabet, imposer au débat public la situation difficile, voire exécrable dans laquelle évolue la carrière socioprofessionnelle des praticiens de la santé publique (médecins, chirurgiens dentistes et pharmaciens) en Algérie et de mettre en relief l'entière responsabilité du ministère de la Santé dans la genèse du conflit collectif du travail qui a abouti à la grève. Le syndicat a, en outre, dénoncé les entraves au libre exercice du droit syndical et du droit de grève relevées dans « les directives » de plusieurs directions de la santé de wilayas, notamment celles d'Oran, Laghouat, Alger... Le syndicat n'envisage pas de renoncer à la grève jusqu'à l'aboutissement de sa plateforme de revendications qui comporte, entre autres, la promulgation du statut particulier dans sa forme négociée et ratifiée en commission mixte le 30 février 2008 (ministère-SNPSP), la mise en place d'une commission mixte pour le régime indemnitaire, l'application du décret exécutif n°09-244 du 22 juillet 2009 déterminant l'aménagement et la répartition des horaires de travail à l'intérieur de la semaine dans le secteur de la Fonction publique ainsi que l'élargissement, au profit du praticien généraliste, du droit à la procédure de cessibilité pour le logement de fonction, à l'instar des autres corps de la Fonction publique. Par ailleurs, en dehors de situations d'urgence médicalement établies, la grève ouverte des praticiens touche toutes les activités de soins, de consultation et d'exploration (biologique et radiologique), les activités de prévention y compris la remise des bilans des différentes activités (Semep, UDS, UCTMR, BHC et la médecine du travail), les activités d'enseignement et de formation, la participation aux réunions des conseils médicaux, des comités et des commissions siégeant sous l'autorité des EPSP, des EPH ou des DSP et enfin le boycott de toute participation à des séminaires organisés par le ministère de la Santé. Compte tenu de la situation de crise sanitaire que traverse le pays, le SNPSP rappelle aux praticiens grévistes la décision prise par le conseil national portant sur l'élargissement du cadre du service minimum à la participation de ces derniers aux campagnes de vaccination contre la grippe A(H1N1). « Cette activité doit se dérouler dans le respect strict de toutes les conditions établies de sécurité notamment sanitaire pour le citoyen et médicolégales pour le praticien », a fait remarquer M. Merabet.