Le ministre de l'Intérieur du Hamas, Fathi Hammad, a demandé hier au gouvernement égyptien des explications suite aux informations selon lesquelles Le Caire intensifierait les mesures de sécurité et envisagerait de construire un mur d'acier souterrain le long de la frontière. « Le ministre Hammad a demandé des explications à l'Egypte suite aux informations selon lesquelles l'Egypte construirait un mur d'acier souterrain dans la zone frontalière entre la bande de Ghaza et l'Egypte », a souligné le communiqué. Le même jour, le patron des « moukhabarat » égyptiens, Omar Souleimane, tenait un conciliabule avec le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak, pour plancher sur la meilleure manière de mettre le Hamas hors d'état de nuire en rendant étanche la frontière entre l'Egypte et Ghaza via la barrière en acier. Le Caire est (re)devenu l'ennemi « intime » du Hamas. Et pour cause ! Au moment où le ministre du mouvement islamiste demandait à l'Egypte de prendre des mesures pour « soulager les souffrances des habitants de Ghaza causées par le blocus israélien qui dure depuis trois ans », le chef du renseignement de Moubarak cherchait à couper les ponts et donc les vivres aux citoyens de Ghaza. Lors de son entretien avec Ehud Barak, Omar Souleimane a évoqué les « défis stratégiques auxquels font face l'Egypte et Israël », selon un communiqué du ministère israélien de la Défense. En clair, les soucis de Tel-Aviv sont aussi ceux du Caire ! Il est évidemment question du programme nucléaire iranien pour lequel Moubarak sert d'homme de main à Washington, Tel-Aviv, Paris et Londres. L'Egypte supporte très mal que l'Iran lui dispute sa place de « pays pivot » dans la région. Et pour ce faire, elle est prête à toutes les concessions, y compris celle de pactiser avec le diable. Ehud Barak ne s'est d'ailleurs pas gêné hier de rappeler à son hôte « l'importance primordiale pour Israël d'empêcher le Hamas de s'armer ». Message reçu cinq sur cinq puisque l'Egypte a mis les gros moyens pour ériger une barrière souterraine en acier tout au long de la frontière avec Ghaza. Mission donc en voie d'accomplissement pour Le Caire. Reste la libération du soldat Shalit que Souleimane devra négocier avec ce même Hamas à qui il veut fermer les frontières. Cette mission s'annonce ardue. D'autant plus que cette barrière souterraine est arrivée comme un cheveu sur la soupe. C'est pourquoi le général des « moukhabarat » est bien briefé à Tel-Aviv. Le casting de ses hôtes dénote de l'importance de son ultime mission : il devait rencontrer le Premier ministre Benyamin Netanyahu, le président Shimon Peres, ainsi que le chef du Mossad (les services de renseignements israéliens), Meïr Dagan. Question pour une livre : l'Egypte de Moubarak s'est-elle trompée de la cause qu'elle prétend défendre ? Bien sûr que non.