Vingt ans après la chute du mur de Berlin, mur de la Honte, un autre mur s'érige. C'est l'Egypte -laquelle se veut leader du monde arabe et musulman- qui a décidé de le construire pour mieux étouffer les Palestiniens au moment même où une marche internationale se dirige vers Ghaza pour tenter de desserrer le blocus imposé. En réalité, ce n'est pas une surprise que le régime de Moubarak qui avait fermé sa frontière à Rafah et les yeux sur les massacres israéliens en 2008, décide de construire un mur de la mort allant jusqu'à 20 à 30 mètres sous terre, tout le long de ses frontières avec la bande de Ghaza. Officiellement, les autorités égyptiennes restent muettes sur la construction de ce mur même si ses lourds engins ont pris place le long de la frontière et commencent à enfouir des tubes et des plaques de métal dans le sol. C'est Israël qui a ébruité le projet, avec détails. Selon le quotidien israélien Haaretz, «le mur métallique, construit avec l'aide d'ingénieurs américains, devrait s'enfoncer à environ 20 mètres dans le sol. Il sera impossible à couper ou à faire fondre». Avec la construction de ce mur, aucun doute ne subsiste sur la collaboration égyptienne et américaine avec Israël. Objectif : affamer et, pourquoi pas, décimer le million et demi de Ghazaouis dont les tunnels de fortune servaient de voie de ravitaillement en produits de base (alimentation, médicaments de premiers soins, matériaux de construction, carburant…). Pour la défense de son mur, le président égyptien invoque la contagion islamiste. Sa presse a défendu ce mur, affirmant qu'il s'agit là d'un «droit souverain» de l'Egypte et d'un moyen de pression sur le Hamas qui contrôle l'enclave palestinienne. «L'Egypte, qui protège sa souveraineté, a le droit de développer la barrière qui la sépare de Ghaza. Elle a le droit d'avoir un mur solide et qui ne s'effondre pas», a écrit Al Gomhouriya dans un long éditorial publié en une. Il s'agit de la première confirmation égyptienne la plus formelle sur ces travaux, rapportés jusqu'à présent par des responsables anonymes et des témoins. En fait, c'est Israël qui a exigé la fermeture du sous-sol de la frontière de Ghaza avec l'Égypte pour empêcher l'approvisionnement en armes de la résistance palestinienne. Le mur de Moubarak n'est que la dernière phase de l'opération génocidaire «Plomb durci» conduite, il y a un an, par Israël, dont l'objectif était d'ailleurs de détruire les tunnels existants qui ont permis aux Ghazaouis de survivre à l'état de siège imposé. La première étape de ce projet comprend l'installation de capteurs ultra-perfectionnés installés sous le sol et capables de détecter des sons ou des mouvements à proximité. Des experts américains ont commencé le travail il y a un an, et celui-ci est en voie d'achèvement. Les capteurs, de la taille d'un poing, sont implantés en dessous de Rafah avec des câbles à l'intérieur de tuyaux installés à 15 mètres de profondeur le long de la frontière. Chaque capteur est relié à un panneau électronique et un écran d'ordinateur visualisant l'activité souterraine. Chaque fois qu'un mouvement ou un son est détecté à proximité, les capteurs envoient des informations détaillées sur l'emplacement et les dimensions de la source vers un système spécial de surveillance. Les forces américaines gardent le côté israélien informé de tout mouvement détecté, bien que l'ensemble de l'opération soit mené du côté égyptien. La deuxième étape du projet consiste en l'installation d'un mur d'acier sous la frontière. Une fois terminé, ce mur mettra fin à l'existence de centaines de galeries qui permettaient aux contrebandiers de passer les produits de base permettant à quelque 1,5 million d'habitants de survivre, malgré le blocus imposé par Israël sur le territoire palestinien. Ce mur sera fin prêt dans 18 mois. Sa construction se poursuit. Hamas demande des explications. Le mouvement lance également un appel à l'Egypte pour qu'elle prenne des mesures afin de soulager les souffrances des habitants de Ghaza ! Mais la trahison égyptienne suit son chemin sans entendre les cris des Ghazaouis et on ne peut que constater que le mur de Moubarak est, de fait, la continuité de celui du tristement célèbre Sharon. H. Y.